tristan aaron stevenson; free

« Mon enfance fût une tragédie. J’étais l’avant dernier d’une famille stéréotypée. Aujourd’hui, j’ignore encore ce qui m’a réellement poussé à survivre entre ces murs. Sans doute n’étais-je pas seul, Tristan. Nous étions deux atroces taches noires sur ce resplendissant tableau, sans aucun amour, ni intérêt, uniquement la honte porté sur nos épaules. Mais dieu sait que nous étions tout autant qu’eux des dieux. C’est le seul avec qui j’ai pu tisser des liens, même si rien n’a jamais été facile. Nous étions unis dans notre fléau. Je n’ai pas comprit pourquoi il est parti, pourquoi il a suivi cette femme. Je n’ai jamais comprit pourquoi il m’avait laissé, et moi pourquoi je n’avais pas osé bouger. Multitude de questions, d’incompréhension. Mais aucun de nous n’a franchi les barrières que nous nous étions imposés. Nous avons été à jamais séparé, comme si la fraternité n’avait été qu’une illusion pendant neuf ans. Il m’arrivait de le croiser en ville, sans aucun attachement. Mais je sais qu’aujourd’hui, quand je le regarde traversé les couloirs de cette université, quand je le vois se trimballer de soirée en soirée, je comprends de qui il tient, et moi-même qui je suis. Comme si cette famille nous avait bouffés de la même manière. Nous nous ignorons encore et toujours pourtant. Je n’arrive pas à lui parler, à l’approcher, il doit avoir ce même problème. Pourtant, je sens, je sens qu’il est temps que nous assainissions notre haine ensemble, que nous revivions l’amour qui nous avait uni au début. Car ni le sang, ni le nom n’ont d’importance. Mais cette appartenance nous a créé tant de ressemblance. Tellement que nous avons fini par tomber éperdument amoureux de la même femme, sans en avoir conscience. J’ignore encore que la plus grande bataille va être livrée pour ce cadeau du ciel qu’est Hazel Cassandre Jezabel. »

« Je suis l’amour d’enfance de Tristan. Enfin, je dis amour d’enfance parce-que cette obsession a démarré à ses douze ans. En réalité, je serais sans doute sa plus grande passion jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle. J’occuperai ses pensées tant qu’il sera capable d’en avoir. Il refuse de se l’avouer, bien qu’il le sache pertinemment. Nous nous sommes rencontrés il y a huit ans de cela, lors d’un été caniculaire. Il s’était persuadé de pouvoir me tirer des griffes de mon alcoolique de père, par amour. Il n’a jamais réussi, l’alcool, la drogue et le sexe s’étant chargées à sa place de me délivrer de mon quotidien. Depuis, il se sent coupable de ne pas m’avoir sauvée. Il a sut que j’avais fugué à mes seize ans, mais jamais pourquoi. Il n’est pas au courant que son imbécile de frère m’a détruite. Nous nous sommes recroisés il y a quelque semaines, un peu après mon retour à Greenville pour l’enterrement de mon paternel. Il m’a reconnue et m’a tirée des pattes d’un de mes dealeurs, avant de plonger son regard dans le mien et de s’en aller, ses excuses flottant encore dans les airs. J’aime Tristan depuis longtemps, je l’aime comme j’aime son frère. La seule différence réside en cela que lui peut me rendre heureuse. Mon seul salut ne pourra avoir lieu que dans ses bras, et si jamais je dois terminer ma vie à ses côtés, je mourrais dans la douceur. Tristan est mon unique chance de rédemption, et j’ai pourtant la sale impression qu’il me fuie, trop honteux de ne pas m’avoir évité ce cruel destin qui m’a écorchée vive. Il m’aime mais ne pense pas me mériter. Et pourtant, je ne rêve que de lui accorder mon pardon. »