Guilt and Friendship. { P.v Enzonichounet G. Stevenson

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(c) Perle

Enzo G. Stevenson & Agyness Zara Whitaker.

- Élevons une prière pour notre créateur qui dans sa gloire céleste nous a donné la bière.

Interrompant Lys avec qui elle discutait, Agyness éclata de rire et leva les yeux vers le crétin imbibé d’alcool qui venait de sortir cette énormité. Visage baissé, mains jointes sous le menton, il semblait réellement être en train de prononcer une oraison en l’honneur du Tout Puissant. Seul ombre au tableau : son taux d’alcoolémie l’empêchait visiblement de tenir debout et le pauvre étudiant s’écroula au pied de ses amis, qui éclatèrent en cœur d’un rire tout aussi alcoolisé. Vodka et Religion faisait décidemment rarement bon ménage. Agyness hocha la tête, un sourire tout à la fois hautain, moqueur et teinté d’agacement sur les lèvres. Ce périple en Forêt avait commencé depuis tout juste deux jours ; deux jours de beuveries interminables et autres débordements en tout genre. Une vrai mine d’Or en somme, pour les observations de l’étudiante en psychologie qu’était Agyness. Cependant, durant ces deux jours, les effluves bestiales de la Forêt avait été totalement éradiquées, pour ne laisser place qu’à des relents d’alcool et de transpiration. Et les étudiants n’avaient certes pas été épargnés par ces odeurs, qu’ils aient ou non participé aux orgies. A tel point que la jeune Whitaker avait l’impression que même son âme sentait le Malibu.

Se faisant cette réflexion, elle se retourna vers sa meilleure amie.

- Je sens le fauve.
- Je ne te le fais pas dire.

Sans tenir compte de cette pertinente intervention, elle poursuivit.

- Je vais faire un tour du côté des cascades de l’Est, celles qui sont proches du Cimetière Indien. Ce sera plus tranquille que les Sources, ajouta-t-elle voyant qu’Ely allait prendre la parole. Je n’ai pas tellement envie de me faire accoster par un type bourré, fusse-t-il en train de chanter des cantiques de Noël pour remercier son Dieu d’avoir apporté la bière aux mortels ! Et puis si je ne suis pas rentrée d’ici une heure, inutile de rameuter le campement. L’esprit d’un vieil indien aura sûrement prit possession de mon corps.

Adressant à sa meilleure amie un sourire espiègle et complice - le genre de sourire qu’elle lui réservait exclusivement - elle se dirigea vers sa tente et en sortit de quoi se laver. Une serviette, des vêtements propres, du savon. Après quoi, elle gratifia Lys d’un signe de la main et mit cap vers l’est, serviette sur l’épaule.

- Besoin de compagnie, Whitaker ?
- Pas de le tienne Bratford, répliqua-t-elle à Evan Bratford sans avoir besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait de lui.

Une dizaine de minutes plus tard, Agyness était arrivée aux Cascades de l’Est. De tous les sites de la Forêt, celui-ci était peut-être son préféré. Non. Tous les sites étaient ses préférés. La jeune brune ressentait une impression étrange à l’égard de ces lieux. La légende sordide qui ternissait le nom de ces bois aurait dut l’inciter à la peur, elle le savait. Ou au moins à une légère nervosité. Mais pour l’instant, il n’en était rien. Elle était simplement impressionnée par cette nature qui reprenait ses droits en ces lieux. Cette Forêt, dans son ensemble, semblait être au cœur d’une histoire extraordinaire. Regorger de sagesse et d’expérience. Se foutre royalement de la vanité humaine… Au milieux de tant de vie, Agy n’aurait sut dire lequel de ces lieux étaient le plus majestueux. Elle pouvait simplement dire que les Cascades de l’Est était particulièrement enchanteresses.

Le temps était passé lorsque la jolie brune sortit de l’eau. Elle n’aurait sut dire combien de minutes s’étaient écoulées. Lorsqu’elle avait quitté le camps, il était aux environs de 18h. Désormais, le soleil se couchait sur la rivière de l’Ouest. Prenant son temps, elle sécha son corps humide, s’habilla et s’assit sur un rocher au bord de l’eau, admirant de paysage qui s’offrait à elle dans toute sa splendeur. Perdue dans ses pensées, elle sursauta soudain lorsque le craquement d’une brindille qu’on écrase se fit entendre derrière elle. Lentement, elle se retourna, ses cheveux encore humide collés contre ses épaules dénudées. Reconnaissant son visiteur, elle ouvrit de grands yeux. Enzo.

Enzo. Cela faisait pas mal de temps qu’elle n’avait pas passé du temps en tête à tête avec lui. Et de raison. Depuis qu’ils avaient couché ensemble, il y a trois ans de cela, ils mettaient un soin fou à s‘éviter l‘un l‘autre. D’un commun accord. Être en présence d’Enzo rappelait à Agy tout ce qu’elle avait perdu l’année de ses 18 ans. A quel point elle avait été égoïste. Combien Joshua lui manquait et combien elle craignait que Lys apprenne un jour la vérité sur sa garce de meilleure amie. En trois ans, ces sentiments et cette culpabilité n’avait pas déserté le cœur de la jeune brune. Et à chaque fois qu’elle croisait le regard d’Enzo, ils redoublaient d‘intensité. Le dédain mêlé à la honte la rendait vulnérable et agressive ; et leur entrevues se terminaient systématiquement en prise de bec plus ou moins violentes. Pourtant, en le voyant ce soir, elle ne put retenir un sourire. Être assise là, simplement à ses côtés, lui rappelait également à quel point les choses avaient été simples et transparentes pour elle à une époque, à quel point elle avait été heureuse. Lorsque son frère était en vie, qu’elle sortait avec Joshua, que Lys était amoureuse d‘Enzo, et que rien d’autre n’était important…

En plus, elle voyait déjà venir une des bonnes engueulades à la con qui rythmaient leur relation occasionnelle et inopinée. Et cette perspective ne manquait pas de lui arracher un sourire carnassier.

- Stevenson… lâcha-t-elle d’un ton indéfinissable. Ça fait un baille. Tu commençais presque à me manquer !

[MINABLE, PIRE QUE CA . . JE T'AVAIS PREVENU xD]

Cela faisait à peine deux jours qu’ils étaient partis à l’aventure, ou plutôt à la débauche la plus exécrable qui soit. En effet cette troupe d’étudiants se comportait quasiment comme des ivrognes, cela doit être le mot. Bien que ce ne soit mal du point de vue d’Enzo, en effet ce pauvre petit gars vouait un culte à la bière, tel le sermon qui venait d’être prononcé par l’imbécile de sa confrérie, qui lui fit bien rire d’ailleurs. Ou même pire, éclaté de rire lorsque celui-ci s’écroula au sol. Même si Enzo était quasiment dans le même état que lui, c’est même peu dire. Il faut quand même vous signaler qu’il est un habitué de la bouteille, mais en si grande dose et si peu de temps, ca lui créait des ravages dans le sang.

Enzo accompagné d’une bouteille de vodka à droite, et d’une cigarette à gauche, écoutait attentivement les pouffements de ses soi-disant amis. L’ambiance y était sans aucun doute, même si Enzo ne s’y sentait toujours pas à sa place, pourtant il leur ressemblait tellement à cet instant précis, imbécilités et compagnie. La vie de groupe n’avait jamais été faite pour lui, mais il aurait presque finit par s’y plaire. L’alcool y régnait et les conneries en tout genre volaient dans l’air, tel leur façon de vivre pour ces quelques jours. Dans ce petit cercle d’alcooliques, au quel il appartenait à présent, seul l’insouciance régnait, aucune intention vers ses bois et ce qu’il y régnait, aucun respect face à la mémoire des disparus, aucune réticence face à la légende. C’est presque un état d’esprit, insouciance et folie, alcools et filles. Enzo qui était plus solitaire dans l’âme lorsqu’il était sur le campus, commençait vraiment à se sentir à sa place. Ces pauvres petits gens arrêtaient enfin de se prendre la tête pour des broutilles dans ces bois, sans doute à cause du taux d’alcoolémie qu’il avait dans le sang, mais ca ne fait rien. Ou même de l’odeur épouvantable qu’il émanait à présent. Enzo finissait même par trouver qu’il sentait mauvais, c’est pour vous dire. Même la source d’à coté faisait très bien l’affaire. Filles et garçons se lavant ensemble tellement la timidité avait été effacée par l’alcool.

Mais nous n’en sommes pas là, nous sommes à Enzo qui commençait très sérieusement à perde l’équilibre, sans doute autant que son ami qui était toujours étalé sur le sol. Avant de s’écrouler au sol comme celui-ci, il se recula du cercle en faisant quelque pas en arrière et s’installa sur le rocher derrière lui. Le feu de camp lui brouillait la vue et les idées, mais il essayait tant bien que mal de sortir de cet état lamentable dans lequel il était. Avec très peu de résultat. Mais après quelques minutes, voir beaucoup plus, il se décida, et se leva pour aller faire un tour. Alors que la nuit tombait légèrement, maintenant le campement était éclairé à la lumière du feu de bois.

Il marchait vers l’inconnu toujours accompagné de sa bouteille à moitié vide, il cherchait un je ne sais quoi, la tranquillité sans doute ? Quelqu’un ? De quoi sortir de la possession qu’engendrait la vodka ? Mais à force de marcher, il se retrouva devant une cascade, le bruit de l’eau s’enfonçait majestueusement dans ses oreilles, on n’entendait à peine les cris des étudiants de là où il était. Quoi de plus relaxant pour un gars totalement saoul ? Tellement apaisant qu’il se dirigea au bords de l’eau sans même se rendre compte de qui trainait à ses cotés.

« Stevenson… Ça fait un baille. Tu commençais presque à me manquer ! »

Hein, Quoi ? Qui prononçait ces quelques paroles. Enzo prit le temps de se retourner un peu dans tout les sens, lorsque ses yeux s’ouvrit en direction d’Agyness Zara Withaker. Elle ne pouvait pas mieux tomber celle la, avec ses grands airs… Enzo avait un certain dégout envers elle, en effet meilleure amie de la fille qui l’a totalement brisé, et la cause de la perte de son meilleur ami, même si il est lui aussi en tort. C’est sans doute à cause d’elle, à cause d’eux qu’il a en quelque sorte sombré dans la folie. Enfin vous me direz que généralement les artistes ont déjà l’esprit torturé d’avance, mais tout de même. Cette demoiselle ne fait que lui rappeler ses erreurs passées, ce temps où tout était beau, ou du moins une petite lumière illuminait sa vie. Eleanor était amoureux d’Enzo, Joshua était amoureux d’Agyness. Il était amis, c’est tout ce qui importait, c’est tout ce qui lui restait. Maintenant il lui reste sont âme écorchée, sa solitude à laquelle il ne veut pas remédier, sa peine, sa colère à la fois. Il ne lui reste rien, parce qu’il le veut bien. Ou peut être sa bouteille de vodka, et ses quatre paquets de cigarettes qu’il fume en une journée ? Cette femme ne lui faisait que rappeler à quel point il était lamentable dans ces quelques minutes de lucidité. Mais pourtant, elle lui donne un espoir, ses yeux lui donne l’impression que la vie peut être belle, même si ceux-ci sont ancré de dégout envers lui, il lit si bien en elle.

Après quelque seconde de silence en la regardant, il s’éffondra sur le rocher sur lequel il était installé.

« Tu ne pouvais pas mieux tomber toi », dit-il d’un ton quelque peu moqueur. Il s'empressa ensuite de rajouter d'un air desabusé : « Comme ca je te manque ? Laisse moi rire »

C’est le passé qui leur manquait, par leurs présences. Celle-ci ne faisait que rappeler cette haine qu’ils ont envers eux, envers les erreurs passés. Meme la voir, enfin, après tant d’ignorance dans les couloirs, lui mettait un peu de chaleur dans son cœur embaumé d’alcool.

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Ayé, fini !

Étrange de constater comme le cœur se rattache à ces moindres petits rendez-vous, aussi vide de sens puissent-ils paraître. Le seul contact qu’Agyness entretenait aujourd’hui avec Stevenson se résumait à quelques engueulades par an, au petit bonheur la chance. S’ils ne partageaient même plus ça, ils ne partageraient… Plus rien. Comme s’ils n’avaient jamais existé l’un pour l’autre, comme si tout ça n’avait jamais eu la moindre importance. Comme si cette époque de leur vie n’avait tout simplement pas eu lieu ; Agyness n’adressait déjà plus la parole à Joshua, Lys évitait Enzo. Le frère de la jeune brune mangeait les pissenlits par la racine. Si même ce jeu auquel elle se prêtait avec Enzo s’estompait, seul son amitié avec Lys pourrait la conforter dans l’idée qu’elle n’avait pas seulement rêvé de ces jours meilleures, de ces années de jeunesse.

Cette constatation, la jeune Whitaker eut du mal à l’assimiler, à l’accepter. Il lui fallut quelques secondes pour se faire à l’idée qu’Enzo avait une quelconque importance dans sa vie. Qu’il occupait toujours une place dans son cœur et comptait à ses yeux. Difficile à croire lorsqu’on se dit que, jusqu’à aujourd’hui, Agyness avait mit un soin fou à reconsidérer le cas Stevenson dans son cœur. Avant, lorsqu’ils étaient amis, il était le jeune homme si spécial dont elle aurait tant aimé comprendre le fonctionnement, mais auprès duquel elle refrénait ses ardeurs de psy refoulée par respect. Il était le type avec lequel elle pouvait discutait pendant des heures de littérature, même si leurs opinions différaient la plupart du temps. Il était le type auprès duquel elle fumait des cigarettes en secret, de peur que ses autres amis ne l’apprennent. Même lorsque Lys et lui avait rompu - si l’on peut appeler la manière dont Lys l’avait quitté une rupture - elle avait gardé contact avec lui. Aujourd’hui il n’était plus que le salop qui avait abusé d’elle un soir où elle était ivre et désespérée. Et pourtant, en le voyant tituber dangereusement vers le bord de l’eau avant de s’effondrer comme un ivrogne, entouré d’un nuage quasiment palpable de vapeur d’alcool, elle se rendit compte que ce salop-là occupait toujours une place dans son cœur. Dur à encaisser. Il avait de l’importance pour elle.

Brusquement confortée par cette idée, Agy sentit une bouffée de rage l’envahir. Une rage à la fois carnassière et jouissive. Il fallait qu’elle sorte les crocs. Qu’elle se prenne la tête avec Stevenson. Violemment. Parce qu’il comptait, et parce que c’était ce qu’ils faisaient. C’était eux.

« Tu ne pouvais pas mieux tomber toi… Comme ça je te manque ? Laisse moi rire. »

Agyness esquissa un sourire, mi-angélique, mi-diabolique. Le plus drôle dans cette histoire, c’était qu’il lui avait réellement manqué. Pas de manque douloureux, comme celui qui nous étouffe lorsqu’on regrette un ami qu’on a pas vu depuis des lustres ; mais un manque nostalgique, que l’on ressent en croisant le regard d’une connaissance anciennement proche, qui nous prend aux tripes lorsque l’on retrouve dans ses yeux l’échos de souvenirs communs.

« Tu en doutes ? Pourquoi, je ne t’ai pas manqué, moi ? Pourtant, il y a quelques années, tu m’as prouvé que tu m’apprécies, Stevenson… Énormément »

Elle avait parlé d'un ton aussi calme et angélique que le sourire qui étirait ses lèvres, pourtant on y décelait une pointe d'amertume. En prononçant ces paroles, la jeune brune ne sut qui elle avait le plus blessé. C’était elle qui en avait toujours voulut à Enzo d’avoir répondu à ses avances alcoolisées, lors de cette fameuse soirée où ils avaient couché ensemble. Après tout, lui n’avait pas à lui en vouloir. Elle ne l’avait pas laissé tromper sa meilleure amie sur un coup de tête, elle. D’ailleurs, Agy n’avait jamais comprit, en 3 ans, pourquoi Enzo lui en voulait. Elle avait des raisons légitimes. Lui, non. Il faut dire qu’ils n’avaient jamais prit le temps d’en parler, prenant plutôt soin de s’éviter. Un jour, peut-être qu’elle comprendrait.

La jeune Whitaker détourna ses prunelles brunes de Stevenson. A ses pieds, elle attrapa son sac en toile et en sortit un paquet de clopes à peine entamé. Une cigarette coincée entre les lèvres, elle quitta son rocher et se dirigea vers le jeune homme, à côté duquel elle s’assit souplement.

« Du feu ? »

Agyness connaissait déjà la réponse. Impossible d’imaginer Enzo sortir sans feu ni cigarettes. Il fumait autant qu’elle. Il fumait peut-être même plus qu’elle. Ils fumaient plus que de raison… Un point commun, pas tout à fait vide de sens. A vrai dire, les deux jeunes gens se ressemblaient bien qu’ ils ne l’admettraient.

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