Pâris D. Walsen_uc 45% Sur le piano, une rose rouge, qui ne semble que blanche aux yeux des autres.

Une, deux... trois notes sortirent du piano sur lequel le jeune homme jouait si bien. La mélodie était agréable, pourtant mélancolique. La douleur de son douloureux passé était encore là. Il avait composé cette musique pour mettre un terme à cette folie dévastatrice. Ses fins doigts blancs, longs et squelettiques - par la drogue qui l'avait rendu mal au point - effleuraient avec une vitesse inquiétante les touches noires et blanches, qui n'attendaient qu'à être toucher. Le public écoutait avec attention, devant la scène, les yeux rivés vers l'artiste qui était en train de jouer sa plus merveilleuse composition, qui ressemblait à celles de Mozart, ou de Beethoven, mais beaucoup plus sauvage, beaucoup plus terrifiante. Ses parents auraient sans doute souhaité, qu'à cette heure-là, il soit dans une merveilleuse université, prestigieuse et connue, en train de réviser, de lire un livre sur les mathématiques, la science. Il avait été destiné à être la perfection dans tous les domaines, et au final, il s'était retrouvé dans cette salle, débordant de passions et d'amours pour la musique. Il était devenu ce qu'il souhaitait : un artiste. Il n'avait jamais appris le solfège, n'avait jamais compris à ce genre de choses énervantes. Depuis l'âge de trois ans, ce jeune homme avait commencé à jouer, comme si l'esprit de Mozart était entré en contact avec lui. Ses yeux étaient fermés, ne prêtant aucune attention au public, s'il allait se tromper ou non. Et malheureusement pour lui, il vit l'image de sa mère en train de le battre. Mais rien n'y changea, il continua sa traversée, comme un écoulement dans une eau sombre. Il flancha, mais rien ne se vit, à son grand étonnement. L'image de sa mère en train de le frapper, en train de le faire hurler. Larmes coulant le long de ses joues, identiques à du sang. Si l'on regardait bien les yeux de Pâris, on pouvait apercevoir deux tâches de sang sur les deux pupilles de ses yeux. A croire que sa mère refaisait surface dès qu'on le regardait dans les yeux. En quatorze ans, Walden avait énormément changé. Bien qu'il déborde de passion pour son piano, qu'il joue dans les vieux bars, la plupart du temps, il était devenu quelqu'un de détestable. Son sombre passé l'avait changé à tout jamais, et plus le temps avançait, plus il ressemblait à un homme ténébreux, n'ayant aucun coeur. Cet ancien gamin avait toujours été proche de sa famille, avait toujours été prêt à se sacrifier, et regardez à présent, ce résultat farfelu.

Vint ensuite le moment où le minuscule concert s'acheva. Comme à son habitude, il ne prit pas la peine de remercier les autres, mais de se remercier lui-même. Il était devenu narcissique, et n'avait jamais compris, dès ce drame qu'il redoutait de revoir encore une fois, ce qu'était l'amour. Jamais il ne revivrait un moment d'amour, de joie. Sa vie se résumait à trois choses : les ténèbres, la mort, la musique. Rien de plus. Il partit se faufiler loin derrière la scène, s'essoufflant, jusqu'à ce qu'on l'interpelle.

— Ô Paris, mon beau Pâris.