Depart Imminent - PV Tara

Nous sommes arrivés il y a maintenant un peu plus d’une semaine. Tentes sur le dos, sacs de couchage sous le bras et provisions à revendre, nous n’avons rien laissé au hasard si ce n’est le hasard. Personne ne savait ce qui nous attendait là-bas. Personne. Et pourtant nous avons voulu tenter l’expérience, percer le mystère de la légende de la forêt de Greenwood. J’avoue que quand je vous en parle, toute cette excitation me fait frissonner. Ma vie va enfin échapper à la banalité du quotidien. Tous, ramenés à l’état sauvage par la force des choses, contraints de revenir à sa condition d’homme primitif pour survivre : chasser, manger, se réchauffer et copuler pour sauvegarder la race humaine. Je crois que la majorité d’entre nous ont bien imprimé ce dernier détail avant de quitter le campus : C .O.P.U.L.E.R. Ce qui signifie en langage contemporain… Alcool, sexe, drogue & Rock’n roll. Depuis que nous sommes arrivés, il n’y a pas eu une seule nuit sans festivités. Sept longs jours déjà sans dormir ou presque. Les cernes commencent à se creuser sur les visages et les corps s’affaissent. Certains ont même quitté le camp au péril de leur vie pour un coin plus reculé et silencieux au fond de la forêt. J’imagine que c’est ce que je devrais faire si je ne veux pas finir zombie errant des sous-bois. Il est temps d’en finir avec cette terrible insomnie. J’ai préparé mon sac à dos ce matin, après avoir demandé à Ben et Emily s’ils voulaient m’accompagner. Bien sûr ils ont refusés. « Pour être plus fort, il faut rester unis » et blablabla. Tant pis la solitude sera ma seule compagne de route. Je n’ai pas choisit de partir pour faire le vaillant chevalier qui part à la conquête des territoires maléfiques non je pars seulement pour découvrir ce qu’est l’aventure. Car jusque là je n’y avais jamais gouté. Et je peux enfin vous dire aujourd’hui qu’elle a un gout délicieux, le gout de la victoire. J’ai plié mon sac de couchage vers 12h et rempli mon sac à dos de provisions empruntés ou dérobées (à vous de décider de la gravité de la chose) dans la réserve collective, alcool, conserves, clopes, eaux minérales, de quoi tenir une petite semaine. Car malgré tout je ne compte pas errer éternellement. Parfois j’ai l’impression de faire partie d’un nouvel épisode de la série : Lost les disparus. Vous savez le vol 815 ! Bon bon je sais ce n’est pas la même chose on n’est pas sur une île déjà et on peut regagner le campus quand on veut. C’est bien la le problème. Quand on veut on peut prendre la fuite. Quand on veut et si on peut.

« Ecoute Maman, tes sermons ne servent a rien je ne changerais pas d’avis, je ne quitterais pas cette fraternité pour tes beaux yeux. C’est totalement injuste, je ne suis pas comme lui et tu le sais très bien. Il a fait son choix et je fais le mien. Tu n’as pas le droit de me mettre dans le même sac. Nous sommes très différents. Je ne serais jamais lui et il ne sera jamais moi, quoi que tu dises, fasses ou penses. » Je me remémore toujours cette phrase que j’ai sorti à ma mère avant de la quitter pour retourner à l’Université. Ca me montre à quel point je ne serais jamais comme lui et a quel point je ne veux jamais le devenir. A partir de ce jour là, j’avais décidé de faire mes propres choix quoi que les autres en pensent. Je ne me fais pas les autres mais pour moi-même. C’est tout. Ils comprendront tous un jour c’est certain. Je quitte le camps dans quelques minutes. Personne ne m’en empêchera je suis le seul arbitre à présent.