Me and Myself and...[Anthony J. D'Isanto]

Dulce de la Fresneda with Anthony J. D'Isanto

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Les arbres entouraient le petit cimetière d'une aura protectrice, comme pour éloigner toutes les mauvaises intentions de ce nid de deuil. L'air était frais et malgré les corps sans vies qui reposaient sous ses pieds, Dulce se sentait étrangement à l'aise ici, comme si ces êtres à présent de l'autre coté du tunnel l'avaient invitée, comme si elle était autorisée à vagabonder ici tant qu'elle ne salissait pas la mémoire des anciens, la mémoire des défunts. Elle avança pour s'engouffrer au creux de ce paysage si lugubre mais en même temps si rassurant, la terre sous ses pieds était humide et à chaque pas qu'elle faisait ses chaussures s'enfonçait un peu plus dans la boue. Son appareil en main, elle se sentait vulnérable au milieu de ce peuple, mais elle se rassurait en se disant qu'ils n'étaient plus la pour lui en vouloir, ils ne diraient rien si elle prenait quelques photographies des lieux. Elle posa son doigt sur le petit bouton se qui déclencha un petit bruit aigue suivit d'un flash aveuglant. Dulce ne s'était pas rendue compte à quel point l'endroit était sombre, les tombes étaient protégées de la lumière par les grands arbres mousseux qui s'élevaient vers le ciel, et leurs feuilles abondantes empêchaient la belle espagnole d'apercevoir le ciel, impossible pour elle de savoir s'il faisait déja nuit, tout était si noir ici.

Elle s'avança vers une tombe, prenant soin de lire les inscriptions, c'était un geste de politesse envers ses hôtes, rappeler leurs noms et remémorer au monde leurs vies comme pour leur prouver qu'elle était la en paix. C'était idiot! Ils ne vivaient plus! Dulce secoua la tête, il ne fallait pas qu'elle commence à croire cette stupide légende et à frissoner à chaque bruissement de feuille. Elle n'avait jamais cru aux fantômes ni aux phénomènes étranges et cela n'allait pas commencer maintenant! Elle reprit ses esprits et appuya de nouveau sur le petit bouton noir de son appareil ce qui provoqua un nouveau bruit strident ainsi que la lumière blanchâtre. Elle commença à photographier les tombes une par une, puis par petit groupes pour enfin finir par des vues d'ensemble. L'air devenait lourd, le fraicheur n'était plus et à présent Dulce suffoquait sous la chaleur. Comment un endroit si couvert pouvait être si pesant? Non, la question n'était pas la. Comment un endroit pareil pouvait-il changer de température en si peu de temps? Voila la réelle question! Elle ne devait pas paniquer, toutes ces superstitions étaient idiotes et sans intêret. Son assurance prit une nouvelle fois le dessus et elle recommença à photographier les lieux.

Après quelques minutes, des grincements de branches se firent entendre, mais Dulce ne se retourna pas, il ne fallait pas paniquer, c'était sûrement un lapin ou un renard qui avait malencontreusement marché sur une branche de pin. L'air redevint frais lorsqu'elle s'éloigna un peu des tombes pour prendre des vues de loin. Son pauvre short en jean était tout trempé, l'humidité devait être à son comble et Dulce ne comprenait toujours pas ces changements plus étranges les uns que les autres, mais elle mit ça sur le compte des arbres ou de je ne sais quels autres végétations, et se convaincant qu'ils devaient sûrement relacher de l'eau ou de l'humidité, ou en produire, elle n'en savais rien, elle n'avais jamais été très douée en science de la vie et de la terre et ce n'est pas à présent que cela allait changer. Dulce parcourut les alentours du regard et entreprit de rentrer au campement mais elle se rendit compte qu'elle ne portait plus son sac, elle ne l'avait pourtant pas laché! Ou peut-être l'avait-elle posé? Elle se mit à courir en direction des tombes et s'agenouilla près de l'une d'elle, son sac était bien la, elle l'avait sûrement déposé. Un bruit de branche se fit entendre et Dulce releva la tête d'un mouvement vif.

Anthony ne croyait aucunement aux légendes. En fait, les histoires invraisemblables que racontaient la plupart des étudiants et membres de sa confrérie l’amusaient plus qu’autre chose. D’autant plus que plusieurs d’entre eux ne sont, à ses yeux, que des froussards ou des beaux parleurs, c’est-à-dire des jeunes enthousiasme qui vantent les lieux mais qui sont pétrifié à la seule idée de quitter le campement...

Et justement. Quelques petits groupes de « courageux » ou de curieux, s’étaient formés un peu plus tôt dans la journée et ils avaient tous finis par s’aventurer un peu plus loin dans les bois. Il faut dire qu’au milieu de cette mystérieuse foret, la chasse aux fantômes et l’exploration de ces lieux mythique sont sans aucun doute les nouveaux passe-temps à la mode. Et en entendant pour la centième fois la même histoire, celle des quatre étudiants qui s’étaient égarés en 1988, au cours de la même heure, Anthony regrettait presque de ne pas avoir rejoint l’un des groupes qui avait abandonné le campement et un en particulier, peut-être… En tout les cas, le jeune homme prit exemples sur ceux qui s’étaient absenté temporairement et il quitta le campement à son tour, après avoir prit son appareil photo dans sa tente et quelques accessoires qu’il prit soin de replacer dans son sac, tel qu’une bonnette, un flash, une lentille, un pare-soleil et un pied... Anthony plaça ensuite la dragonne autour de son poignet avant de suivre l’un des petits sentiers qui le menait vers des sites merveilleux et des paysages aux apparences divines.

L’italien avait un pas lent et irrégulier, discontinu. Il était émerveillé par l’endroit que l’ont décrivait comme dangereux, surnaturel et il ne pouvait pas s’empêcher de s’arrêter à certain moment pour prendre quelques clichés. Il aimait cet art, le sixième, qui consistait à créer des images par l’action de la lumière. À saisir l’instant présent, surtout. C’est ce qu’il aimait par-dessus tout, conserver une reproduction graphique des moments, plus ou moins important, ou encore des gens. Protéger les souvenirs. Sans oublier qu’il s’agissait également d’un moyen d’expression plus ou moins abstrait…

Ce dernier avançait toujours d’un pas interminable, contemplant la beauté des lieux du passage. Sans s’en rendre compte, Anthony s’était englouti un peu plus loin encore dans les bois et il pénétrait tranquillement dans un vieux cimetière. L’ambiance était différente, la lumière également. Il faisait plus sombre et le cimetière était sinistre, angoissant. En s’enfonçant dans le lieux sacré, Anthony se sentit très mal à l’aise dans un premier temps. L’endroit lui paraissait à la fois incertain et apaisant, étrangement Antho se sentit plus prêt des anciens et des disparus. Il leva le bras spontanément et serra dans sa main droite la chaîne qu’il portait au cou et qui lui avait été offerte par son petit frère, une année avant le décès de ce dernier. Le jeune garçon avait travaillé tout l’été et il était fier d’avoir pus offrir ce présent à Anthony. Présent qui ne l’avait rarement quitté depuis…

Le jeune homme sentit la brise effleurer son visage. Revenant à lui, il secoua la tête, légèrement pour chasser ces souvenirs. Il reprit son appareil photo, le levant à la hauteur de ses yeux, gauchement. Il était troublé et un moment fut nécessaire pour que les choses changent… Il fit quelques pas en avant, s’enfonça toujours d’avantage. Des craquements se fit entendre lorsqu’il posa à nouveau le pied par terre mais Anthony ne s’en soucia pas. Il continua. Prit quelques photos. Et sentit une présence, il n’était pas seul. Il ne croyait pas à une présence surnaturelle mais à une présence humaine et il n’avait pas tord. Il rejoignit Dulce, qu’il trouva agenouillée prêt d’une des tombes. Un mouvement craquement se fit entendre et la jeune femme releva la tête.