Alizéah ♦ always stuck in second gear. o5%

© ifake@lj & lexi_x@lj.

« It's okay. It's okay to want someone you can't have. It's okay to keep friendships when you don't want them, or want something more.It's okay to cry when you're hurt, and it's okay to stay mad at someone who hurt you.Believe it or not, it's always going to be okay. That's just how it works.Sometimes, things don't always work out the way you want them to and a lot of times it seems like they never will. But it's okay, that's how life's supposed to go. It's all about learning how to deal with the bumpy parts in the road and waiting till they're smooth again. It's all about forgiving and forgetting. It's all about wanting and wishing. That's just how life is. » © unknown.

Notre vie toute entière est basée sur des circonstances, des événements qui se sont succédés, souvent au hasard, et ont guidé des personnes à prendre certaines décisions, qui font que nous sommes là aujourd'hui. Il est réellement flippant de commencer à penser à ce genre de choses, puisque l'on finit par se demander ce qui se serait passé si nos deux parents ne s'étaient pas rencontrés, si nous ne serions pas là. Il était arrivé souvent à la jeune Alizéah de se poser cette question, à vrai dire c'était la seconde fois dans la journée qu'elle se demandait pourquoi elle était sur Terre ; et ça l'inquiétait au plus haut point.

Tout avait commencé il y a 19 ans de cela, dans une petite bourgade du Wyoming appelée Rock Springs. Une journée comme les autres, le genre de journée où l'on sait qu'il ne se passera rien de palpitant, une fois de plus. Dans une ruelle, deux hommes se disputent à voix basse, l'un tendant un sachet brun dans sa main. Encore une personne qui tient à gâcher sa vie avec de la drogue. Quelques mètres plus haut, dans l'immeuble à côté, un petit garçon approche dangereusement ses doigts de la prise électrique. « Non, touches pas à ça ! » . Une seconde de plus, et l'enfant s'électrocutait. Les pigeons s'envolent dans le parc, effrayés par un homme d'une vingtaine d'années, qui hurle de panique au téléphone. Après avoir raccroché, il se dirige en courant vers la rue bondée, hèle un taxi en quatrième vitesse et ordonne d'une voix ferme au chauffeur d'aller à l'hôpital plus vite que l'éclair.

L'accouchement est, selon certaines sources, le moment le plus douloureux à passer dans la vie d'une femme. Mais, même si la femme blonde courbée sur le lit, le visage crispé par la douleur, voulait que sa souffrance cesse, elle savait que ce n'était pas le moment le plus douloureux de sa vie. Car le bonheur qui surviendrait quand, quelques minutes plus tard, elle pourrait tenir son enfant, le fruit de l'amour entre son mari et elle, dans ses bras, ce bonheur comblerait toute la souffrance qu'elle avait pu ressentir en le mettant au monde.
Le jeune homme qui était dans le parc à peine dix minutes plus tôt, entre en trombe dans la salle d'accouchement, des gouttes de transpiration perlant sur ses tempes. Est-il en retard, sa femme a-t-elle surmonté l'épreuve de l'accouchement sans lui ? A peine arrivait-il à côté de la tête de sa femme pour la soutenir qu'elle poussa un soupir de soulagement, et un petit hoquet de surprise. Les premiers cris de leur enfant venaient de résonner dans la chambre, le premier endroit qu'Alizéah aurait vu, mais aussi celui dont elle ne se souviendrait jamais.

La naissance d'Alizéah n'avait pas été programmée, à vrai dire rien de tout ce qui s'était passé auparavant, qui avait mené à cette naissance, n'avait été prévu. Certains diraient que c'est le destin qui a réuni Kayla et Lorenzo, alors que d'autres diraient plutôt que leur rencontre est due au hasard. Ils ont fréquenté la même classe depuis qu'ils sont tout petits, et la blondinette avait tout de suite ressenti un pincement au cœur en le voyant, sans trop savoir à l'époque ce que cela signifiait. Mais, en grandissant, elle comprit qu'elle était amoureuse de l'italien depuis toujours. Couple, puis séparés, puis couple, puis en break, puis l'un trompe l'autre, ils se détestent, ils s'aiment, ils se déchirent. Leur relation a toujours été des plus compliqués, mais, sans trop savoir pourquoi, ils savent qu'ils finiront ensemble. Et c'est effectivement le cas. Des années plus tard, les voilà mariés, et désormais parents. Comme quoi il faut traverser quelques épreuves avant de pouvoir dire que votre couple tient la route.

C'est dans une maison, juste à la sortie de Rock Springs, que le couple a acheté avec ses économies, qu'ils ramènent leur enfant. Ils ont tout préparé pour leur fille, une chambre, déjà les jouets pour lorsqu'elle aurait grandi, le petit lit, tout. Mais ils n'étaient pas prêts à la tornade qu'était leur fille.
Les pleurs ne s'arrêtaient que tard dans la nuit, et seulement lorsque la mère tenait la main de son enfant. Difficile, les premiers mois le furent. Bien vite ils trouvèrent une solution pour endormir leur fille ; une solution incroyable : en plaçant des livres dans son berceau, Alizéah parvenait à s'endormir, quelques minutes après avoir regardé, un air intrigué collé sur son visage d'ange, les images et les lettres qu'elle était encore incapable de comprendre.


Même si elle n'eut pas l'enfance dorée dont tout le monde rêve, Alizéah a tout de même eu une éducation simple et sans problèmes, basée sur des principes importants. Ses parents lui ont appris très jeunes la valeur de l'argent, mais aussi les bases nécessaires pour l'avenir, le respect de l'environnement, mais surtout une chose qu'elle n'oublieras jamais : « Tu es née une originale, ne meurs pas une copie. » . Jeune, la brunette n'avait pas comprit le sens de cette phrase, mais au fur et à mesure qu'elle grandissait, elle la comprenait de plus en plus, et l'intégrait en elle-même, afin d'appliquer le désir de ses parents.

Ne vous méprenez pas, Alizéah n'était pas un ange, à obéir à tous les faits et dires de ses parents. Les années passaient, et elle devenait de plus en plus réticente, rebelle. On dit que ce sont les épreuves traversées qui forgent la personnalité, et cette phrase prend tout son sens lorsque l'on regarde l'enfant, désormais jeune fille.
Son entrée au collège fut fracassante, c'est le cas de le dire. Comme si elle prenait modèle sur sa mère, elle tomba amoureuse d'un garçon dès le premier jour ; les sentiments la frappèrent de plein fouet, l'assommant presque et l'empêchant de monter les marches droit pour rejoindre sa classe. Boum Boum Boum. Les battements de coeur qui s'accélèrent, les mains moites et tremblotantes.. tout cela n'était donc pas un mythe, mais bel et bien réalité. Et merde.

Directement cataloguée chez les intellos, la brunette vécu très mal ses années collège. Mais la cerise sur le gâteau fut certainement sa dernière année au collège. Un rêve devenu réalité, mais aussi un cœur brisé. Aussi fou que cela puisse paraître, Alizéah n'avait pas décroché. Non, elle était toujours raide dingue de ce garçon aux yeux incroyablement verts, qui était dans sa classe. Ils étaient amis depuis quelques semaines, et à chaque fois qu'elle se tenait en face de lui, elle sentait ses lèvres trembler lorsqu'elle lui adressait la parole. Il avait suffit d'un sms pour foutre sa vie en l'air. IL lui avait demandé de sortir avec elle. Incroyable, irréel. Trop beau pour être vrai. Effectivement. Le lendemain, son « petit copain » et ses amis l'attendaient devant le collège, un drôle de sourire aux lèvres. Même pas un baiser, rien. Il s'était fichu d'elle. Sa vie était brisée, son cœur aussi.
Stupide, de ne pas s'en être remise tout de suite, de ne pas avoir passé à autre chose ? Peut-être, mais elle n'y peut rien, c'est l'un de ses traits de caractère de l'époque. Au départ, elle était plutôt le genre de personne positive, qui cherche le bon en chacun et n'aime que les romans qui ont un happy end. Mais après cette déception, elle a changé du tout au tout. Pessimiste et méfiante, parfois même paranoïaque.

Le déménagement survenait pile au bon moment. C'est une phrase qu'il est rare d'entendre, et pourtant, voilà ce que pensait Alizéah. Son père venait d'être muté dans une petite ville encore plus paumée que Rock Springs, Greenville. Fantastique. Au moins pourrait-elle recommencer à zéro. Après tout, personne ne la connaissait là bas, elle pouvait être qui elle voulait. Et cette idée lui plaisait assez.

Première année de lycée. Nouvelle ville, nouveaux amis, nouveaux professeurs. Nouvelle vie. Et, plus important, nouvelle Alizéah. Même si ses rencontres de collège étaient inoubliables, et que toutes ces personnes allaient lui manquer, elle était heureuse de changer d'air. Premier jour de cours, rentrée des classes... la catastrophe. L'appel, comme pour les tout petits, et le principal écorche déjà son prénom. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était mettre un pied devant l'autre pour rejoindre sa classe. Mais non, elle était incapable de marcher correctement. Sans comprendre, elle se retrouva à trébucher, et se rattrapa de justesse au mur. Des ricanements retentirent derrière son dos, et elle se retint de tourner la tête vers eux. Hopla, elle se faisait déjà remarquer, fantastique.

Elle avait toujours été du genre sociable, et se fit rapidement une bande d'amis inséparables pendant ses années lycée. L'ancienne Alizéah, la fille qui levait la main en cours et rougissait lorsqu'on l'interrogeait, celle qui avait du mal à se sentir à sa place, renfermée sur elle-même et quelque peu paranoïaque, elle avait disparu. Non, il n'existe pas de potion magique pour changer les personnalités des gens ; ceux qui lui ont permis de changer, ce sont ses amis. Littéralement, ils aiment à dire qu'ils l'ont « dévergondée ». Le mot parait un peu fort, certes, mais c'est exactement ce qu'ils pensent. Cette fille, Alizéah, la psychopathe qui carbure au chocolat, passe trop de temps à raconter des blagues pourries.. autant que des conneries ; qui est obligée d'en placer une quand il faut pas... Le plus incroyable est sans doute le fait qu'ils aient réussi à lui faire oublier sa déception amoureuse de collège. Cette fille, ils ne l'échangeraient pour rien au monde.