a d e l l e - like the sadness standing between two plams trees.

Invité

Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon,
II nage autour de moi comme un air impalpable,
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

II me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction !

La Destruction ; Charles Baudelaire

who am I ?

Mon histoire est l’histoire d’un ennui. Une faim qui jamais ne cesse, et me laisse vide de sens. La vie est un paradoxe qui ne me parait pas avoir jamais voulu se munir de quelconques apparats tels que la raison, l’amour, la haine. Toutes ces notions relatives et surfaites, je les ai abandonnées. Je suis le monstre qui se nourrit de vos sentiments parce qu’il n’en a pas. Je ne me contente pas de vous briser comme un œuf que l’on abattrait sur les bords d’une casserole, non, après vous avoir vidés de vos émotions, je ne laisse même pas de tristesse. Je ne laisse pas de regrets, de rancœur, de haine. Je ne vous laisse que cette impression illusoire que vous penserez être de l’amour. Détrompez-vous, c’est de la reconnaissance ; la reconnaissance de vous avoir ouvert les yeux .

Habituellement, vous vous fiez aux apparences. Vous me trouvez belle, beaucoup plus belle que chaque être que vous avez croisé dans vôtre vie. Vous me trouvez intolérablement belle. C’est comme cela qu’en un seul regard, j’attise vôtre amour et vôtre haine, aussi hypothétiques soient-elles. Entre vous, vous me qualifiez de garce, de salope ou autre, et me jalousez pour ma richesse, mon intelligence, mon physique, et ma popularité. En secret, vous me vouez un culte qui ne prendra vie qu’à la seule condition que vous me tuiez. C’est-ce que vous vous appliquez à faire, me regardant lentement sombrer dans le malheur, sans me tendre la main. La seule chose que vous ignorez, c’est que je suis déjà morte, et ce depuis longtemps.

Mais je vais tout de même me résumer en quelques phrases. Je suis une petite fille dans le corps d’une divinité, une divinité parmi les hommes. Je hurle et pleure en silence, parce-que tout me terrifie. Je prends peur à chaque image qui parvient à mon cortex cérébral, le monde m‘effraie, le réalité me tétanise, et c’est pourquoi je m’en éloigne. Drogue, alcool, sexe, échappées en pleine natures et masochisme social sont mes principaux outils pour fuir le vrai et m’enliser sereinement dans le faux. Je ne savoure pas le bonheur, je me délecte de l’absence de tristesse. Et la nuance me fait mal à en crever.