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 naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur »

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Agnessaa Z. Ivanova
    épouse officielle de SHAKESPEARE

Agnessaa Z. Ivanova


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MessageSujet: naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur »   naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur » Icon_minitimeJeu 18 Juin 2009 - 1:08


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    Mon amour. Une fois de plus je me meure. Piteusement je ramasse à la petite cuillère les débris qui subsistent de ma fierté. Toi même tu sais bien que je m'en fiche. Rien n'a d'importance sinon toi. Je parcoure honteusement les pages de ma mémoire, y cherchant le prochain fruit de ma torture. Mon amour. Je commence à me plaire ainsi. C'est un peu ma drogue à présent. J'occupe la plus grosse partie de mon temps à représenter dans mon esprit les instants de bonheur que tu as bien voulu m'accorder. Je m'isole, me coupe au reste du monde et te consacre toute ma pensée. C'en est même devenu un passe-temps, une passion dirais-je. Ne trouves-tu pas cela beau, mon amour ? Je pense qu'il n'y a rien d'aussi merveilleux. C'est beau de souffrir. Nous sommes là, naïfs et innocents, respirant la joie et l'insouciance, quand tout à coup le malheur nous bouscule, il nous renverse. Il dépend le degré de joie que nous respirions avant, la force avec laquelle le malheur nous heurte, alors nous souffrons selon des plafonds différents. Je doute que le mien soit possible à définir à travers un degré. Il est dur de s'y habituer, certes. Mais à un moment ou un autre on finit par apprécier ce mal qui fusille nos entrailles. Oui, nous l'aimons. Il est devenu comme un nouvel organe. Sans lequel il nous est impensable de vivre. Ne me crois pas folle mon amour. Cette souffrance, elle est le dernier lien qui me rattache à toi. Dans mes entrailles elle s'est creusé. Au plus profond de mes tripes elle s'est forgé une muraille, elle gagne en puissance au fil des jours. Rien ne peut l'atteindre. Dans mon ventre elle s'est confectionné un nid douillet. Elle est comme ton enfant que je porte en moi. Comme le bébé que tu m'a laissé, que je couve affectueusement. Ce fœtus qui au fil des jours grandit, s'amplifie. Elle est mon seul souvenir de toi. Mon amour, ne la blâme pas. Depuis trop longtemps elle m'accompagne. Je ne peux que me consacrer à elle, entièrement, corps et âme. Avertie, je jette tout mon être dans la braise de ses milles et une facettes. Je craque l'allumette qui lui servira à m'embraser sous la plus atroce des douleurs. Mon amour ne soit pas inquiet, cette douleur m'est familière. Elle m'aime également. Elle m'aime je te promets, car je la chéris. Je la chéris car elle est le seul cordon qui tant bien que mal m'unis toi. Parce que bien que tu l'ai faite naitre en moi, cette souffrance, cette affreuse douleur, cette plaie béante, malgré ça Naël, je t'aime.

    Je n'avais jamais rien connu de plus lamentable que le reflet que m'offrait la petite glace du mur. Étalée de tout mon long sur ce lit inutilement trop grand, le bras gauche pendant et touchant le sol, le droit s'écrasant sur mon visage tremblant. Je ne saurais dire pourquoi j'esquissai des sourires. La seule chose que ma raison voulait bien m'accorder était le fait que c'était indéniable, je tombais bel et bien dans l'hystérie. Dans une sorte de folie heureuse, une démence furieuse. Peu importe ce qu'était ce délire, je savais qu'il m'était dangereusement malsain. Peut être allait-il m'être fatal. Quelle charmante suggestion. Qu'il me soit fatal, qu'il accoure faire taire les sornettes qui assaillent ma tête, qu'il vienne faire de cette déraison mes derniers minutes dans cette chambre. Sur cet affreux lit, qui sans ses bras m'avait l'air aussi vide et vaste qu'un océan. Je m'y noyais, par ailleurs. Continuellement, je m'y engloutissais jusqu'à manquer d'air. Malheureusement cet air ne revenait pas. Allons, que ce délire vienne écourter mon existence. Elle me paraissait déjà trop longue. J'en avais vécu le trois quart au creux de son torse. Alors que cela pouvait-il faire si, prématurément cette démence m'emportait loin de cette mer de douleur, loin de ce flot de peine ravageur, loin de mon mal. Loin de lui. Enfin, que cela pouvait-il faire qu'elle m'arrache à la vie, que l'élu de mon cœur avait bousillé ? Qui accusera-t-on ? Personne, évidemment. Car personne ne savait que dans mon coeur s'excitait encore cette stupide chose, cette palpitation kamikaze, personne ne savait que j'étais plus que jamais folle de lui. De mon bourreau, de mon tortionnaire, celui qui de ses mains battait ma peau à nu. Celui qui sans état d'âme avait saisi le fouet et m'avait châtié pour un crime que je n'ai pas commis. Or mis celui de l'adorer, celui de lui offrir mon cœur, mon âme, mon corps, mon esprit, tout. Tout lui appartenait.

    Vraiment je me faisais pitié. Je me faisais pitié et cela me désolait. Contempler cette silhouette amaigrie, ridiculement installée entre trois oreillers venait ajouter du vinaigre à ma torpeur. J'étirais mes mains vers le haut, elles se cognaient violemment au mur. Je ne ressentis pas cette douleur. Non la douleur physique avait un aspect de caresse comparée au massacre qui se déroulait dans mon esprit. Je m'enfonçai dans un des oreillers qui m'entourait, avec lesquels je m'étais forgé un fort, une barrière de protection. A l'intérieur duquel je m'étais crée un autre monde, celui de Naël. Ma tête me semblait peser des tonnes, j'eus du mal à la soulever lorsque j'entendis la sonnette du rez de chaussée retentir. Machinalement je me trainai jusqu'à la fenêtre pour identifier l'hôte; aucune voiture dans l'allée et pas le moindre signe de vie. Je pouvais seulement distinguer quelques écureuils aux arbres, et les broussailles agitées par le vent. Aussi lentement que le permettait mon corps, je retournai me cacher dans mon fort artificiel, ignorant complètement les dizaines de sonneries qui résonnaient dans la maison. Je commençais à peine à prendre goût à ma torture quand mon père me héla. Il avait premièrement haussé la voix, quelque chose qui ressemblait plutôt à un grondement, de l'énervement. Puis il avait dû se rappeler mon état actuel et avait adouci la voix, comme pour s'excuser il avait transformé cet ordre en une suppliante demande. Je devinai qu'il était en train de s'endormir devant un match de hokey et que sa flemme légendaire ne daignait pas ouvrir la porte. Je ne me sentais pas capable d'un tel sacrifice. Rompre les liens avec Naël maintenant m'était impensable. Mais après tout il me restait cette longue vie qu'un très cher Enzo avait décidé de prolonger, une existence interminable à consacrer à ce jeu que j'avais inventé. Ce jeu qui consistait à souffrir le plus possible avec le maximum de souvenirs de mon défunt bonheur. Mon dieu, je devenais folle à lier.

    Déambulant dans les couloirs à la manière d'un spectre, je songeai à combien de temps allait-il me falloir pour me que les cordons qui me reliaient à ma torture se rompent. C'était totalement puérile, car aussitôt qu'ils se seraient rompus j'en tisserais de nouveau. Davantage même, jusqu'à ce que ma poitrine n'en puisse plus. J'avais l'impression chaque fois, de me rapprocher de ce moment là, mais cette douleur avait manifestement une marge de vie qui échappait à ma raison. C'est plongée dans mon raisonnement que je débouchai dans le vestibule. Le hall d'entrée n'était quasiment pas éclairé en cette fin d'après midi, s'y reflétaient les ombres des pins agités par la bourrasque. Bien que ce visiteur était inconnu, et qu'un mystère planait sur son identité je ne m'y intéressait guère et portai ma main à la poignée. Soudain un vif éclair traversa mon esprit, cette créature qui avait hanté mes rêves, allait-elle revenir ? La forêt était à proximité de la maison, une visite d'épouvante serait probable. J'ignorai si c'était ma folie passagère qui me poussait à faire de telles suppositions, mais sur le moment je trouvai cela sage. Là, je maudis l'absence d'un judas. Pétro se sentait tellement en sécurité ici qu'il n'avait pas même songer à en installer un. Du haut de ma fenêtre je n'avais réussi à voir le visiteur, un judas m'aurait grandement aidé. Je me penchai alors vers ma boite aux lettres qui se trouvait au milieu de la porte. Je me promis de faire le moins de bruit que possible afin de ne pas attirer l'attention sur cette déplorable technique et, délicatement je la soulevai. Là, j'y perçus les chaussures ...

      flashback
      Un rire cristallin s'élève. Il se prolonge en d'innombrables échos. Tous plus adorables les uns que les autres. S'y ajoute un grondement, une injure. Puis à son tour il s'évapore en de milliers de petits échos. La femme tend l'oreille, son sourire immense découvrant ses dents blanches est figée sur son visage. Il semble ne jamais se décoller de ce joli minois troublé par de grands éclats de rire. A cette résonance, elle rit de plus belle, telle une enfant découvrant un nouveau jeu. Elle se met à courir dans l'immense clairière de jade, son pas est petit et son rythme lent est saccadé par ses hoquets joyeux. Elle a l'air d'être heureuse. Elle l'est.
      A : « Naël écoute ! Ca résonne ! Naaaaaaaaaaëeeeeeel ... »
      Ravie du pouvoir qu'elle exerce sur la nature, elle répète inlassablement ce dernier mot. Cela l'amuse. Elle aime ce mot. Et dans la sylve retentit le nom de celui qui est assis là.
      N : « Agnéssäa ! Je t'en prie cesse de courir ! »
      A : « Naaaaaaaaëeel ... Naël, c'est merveilleux ! »!


    Brutalement et dans le plus grand fracas qui pouvait émaner de cette boite, je la fermai. Mes paupières s'accrochèrent entre elles et je pouvais flairer ma raison m'abandonner et mon âme quitter ce corps. Horrifiée je plaquai une main contre ma bouche afin d'éviter un éventuel cri. Je pus également sentir qu'à une allure remarquablement lente mes genoux se pliaient.
    N : Agnéssäa . S'il te plait.

      flashback
      N : « Ce n'est que ça alors ? Il se suicide à la fin ? Je hais ce bouquin Agnes. »
      A : « Arrêtes, c'est mon livre préférée. La fin est belle. »
      N : « Elle n'a rien de beau. Octave se suicide pour des mensonges qu'il croit vrai et Armance rejoint le couvent. Ils s'aiment, mais leur idylle n'aura jamais lieu. »
      A : « Les idylles sont toujours plus jolies lorsqu'on les avorte. »
      N : « Voudrais-tu en vivre une ? »


    Les jointures de mes genoux lâchèrent enfin. Je m'écroulai silencieusement telle une feuille morte au bas de la porte. Inconsciemment, je m'y collai. Je rassemblai tout les membres de mon corps et les engluer contre cette porte. Mon visage était complètement soudé au bois si bien que je pouvais aisément en sentir l'odeur. Patiemment, j'attendais que mes larmes viennent inonder ce visage spectral que je trainai depuis plus d'un mois. Les appels téléphoniques ne lui avaient pas suffit, il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur. Grand dieu, pourquoi le fallait-il ? N'était-ce pas assez atroce comme cela ? Avait-il réellement besoin de liquider mes derniers souffles de ses propres dires ? J'avais perdu toute définition de ce qu'était la respiration. Elle ne me servait plus à rien, et ce depuis longtemps. Car elle m'était plus douloureuse que vitale, car je n'éprouvais même plus le besoin de vivre, car respirer autre que son oxygène était une réelle offense. Je ne compris pas pourquoi mes pleurs tardaient à venir. Puis, au fil des minutes qui passaient je saisis en fin. Si elles n'étaient pas visibles sur mes joues, dans ma poitrine elles s'étaient transformées en une pluie d'acide. Un acide qui rongeait petit à petit ma chair. Ma douleur en était au comble. Jamais je n'aurais autant souffert si cette nuit, l'au delà m'avait accueilli. Mais encore, il fallait que je souffre, que j'endure, jusqu'à en perdre le souffle. Je ne me permettais pas d'ouvrir un œil, de bouger un muscle, d'émettre le moindre son de peur que ce mal empire. Cette fois j'en étais sure, c'était irrévocable; l'écorchure allait en finir avec mon cœur, une bonne fois pour toutes.


Dernière édition par Agnessaa Z. Ivanova le Jeu 30 Juil 2009 - 20:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur »   naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur » Icon_minitimeMar 28 Juil 2009 - 22:57

    Je m’étends à ses côtés dans le moelleux de sa couette et mes bras forts et robustes emprisonnent sa taille ô combien trop fines et trop fluette. Je la presse un peu plus contre mon corps, enfouis mon visage dans ses longs cheveux et je respire allègrement les arômes fleuris de son shampoing. L’odeur de ma peur s’égare dans l’essence même de son parfum capiteux. Mon souffle erratique se calque sur le sien et je me confonds en excuse, lui conjure de se retourner, l’y aidant tendrement et enfin, plonge mes pupilles azur dans l’ambre des siennes. Troublé, tourmenté, épuisé mais surtout libéré, j’avoue sans pudeur ces nobles flammes consumant mon cœur comme j’avoue sans honte ces déplorables erreurs consommant mon amour. Elle est alors émue par ma sincérité et elle fuit mon regard, rougissant, quand je me flatte d’à nouveau toucher son cœur. Ma main, craintive et hésitante, la contraint à se noyer dans l’océan de mon intensité quand je lui souris, timoré, dans l’espoir d’une réciproque. Le temps s’érode à la force de mon espérance et enfin, ses lèvres sucrées aux souvenirs impérissables s’étirent. Les miennes osent un discret baiser et un peu gauche, j’observe faussement distrait ses paupières me cachant l’abîme où, un bel après-midi d’été, s’est égaré mon égoïsme. Elle néglige sa méfiance et nous partageons pleinement l’instant magique de nos retrouvailles. Rasséréné, je la déloge, en toute confiance, de son lit défait pour l’éloigner de sa prison de verre. Elle m’alloue son pardon et je veux la révéler à la foule. Le monde a besoin d’un ange pour exister comme j’ai besoin de son indulgence pour avancer.

      Flash back

      N : Ok. Ok. Je ferme les yeux.

      La jolie russe sautille sur place, enchantée par la force de sa persuasion et intime son sujet de demeurer à sa place. Il s’exécute quand, titillé par le puissant bouquet d’un fruit exotique, désobéir le tente. Il est reprit à l’ordre et faussement innocent, il lève les mains en guise de rédemption. Elle apporte un fruit noir à la chair plus blanche que sa peau et porte un quartier aux lèvres de son petit-ami. « Tu aimes ? » interroge-t-elle intéressée. Il hausse les épaules quand elle ajoute, perplexe : « C’est de la noix de coco ». Il la contemple avec intérêt, grimaçant, peu convaincu. Ce goût de carton sucré ne lui plait guère mais quand elle en croque un morceau, il s’empare avec gourmandise de sa bouche engageante : « C’est bien meilleurs à tes lèvres ».

      Flash back – Fin

    C’est ce souvenir tenace qui réduit à sa plus simple expression le rêve obsolète de sa joie à mon retour mais je songe éveillé. Comprenez, la réalité m’est si douloureuse. Assis derrière le volant de mon Audi invisible, stationnée derrière d’immenses saules pleureurs, je guette sa fenêtre espérant vainement apercevoir son ombre dansante derrière ses rideaux. Que me reste-t-il aujourd’hui hormis les souvenirs impétueux de mon amour refoulé fendillant ma carapace déjà trop ébréchée par les évènements funestes de cette maudite randonnée ? Des confrères y ont laissés leur vie emportant avec eux un peu de mon âme et de ma vie. Elle tient à si peu de choses. Une corde, un fil, une ficelle… Et si moi aussi j’avais péri. Si mon âme m’avait été arrachée aussi violemment, reposerait-elle en paix quand j’ai jeté mon amour en pâture à mes phobies d’abandon ? Est-ce à mon père absent que je dois cette accablante angoisse de solitude ? Je suis un trouillard, un poltron sans audace et sans ténacité.

    Délaissant mon volant de cuir, mes mains moites cherchent dans la poche intérieure un paquet de cigarette chiffonné. Au fond, il n’en subsiste qu’une seule que j’allume en quête de bravoure.


      Flash back

      A : Tu ne devrais pas.
      N : Je sais.
      A : Dans ce cas, pourquoi tu fumes ?
      N : Par habitude.
      A : Bouscule-les.
      N : Quoi ?
      A : Bouscule tes habitudes.


      Dans l’espace confiné d’une chambre d’estudiantine semblable à toutes les autres de la confrérie universitaire la plus en vogue, l’ambiance enfumée est aux bonnes résolutions. Un jeune homme écrase une cigarette à peine entamée devant le sourire satisfait et touché de sa conscience incarnée.

      N : Il n’en reste qu’une. Une seule. Au cas où…

      Flash back – Fin

    J’avais oublié le goût âpre qu’oublie un filtre sur des lèvres, le tarissement de ma salive par la nicotine et l’étourdissement de l’indolent poison se substituant à l’oxygène de mes poumons. L’air vicié de la voiture rend mes bronches si douloureuses que j’en tousse. Il me faut abdiquer de ce petit espace pour de plus grand horizon, il me faut quitter cette voiture quand bien même le soleil couchant éblouira mes pupilles usées par l’obscurité de ma chambre. Je les cache derrière des lunettes de soleil. Je tire une derrière fois sur ce mégot que je le laisse à ma suite, endiguant comme un automate mes membres pantelants au seuil de sa demeure partagé entre mon désir d’en cogner la porte et l’envie de faire demi-tour. J’avance, je recule, je soupire, j’hésite tandis que mon index se hâte de presser le bouton de la sonnette à l’instar de mon incertitude.

      Flash back

      Dans les longs couloirs blancs de l’université où s’alignent parfaitement aux carrelages des casiers cadenassés, Naël s’attarde aux alentours d’un auditorium. Autour de lui, ni affluence ni effervescence, il est seul. Seul avec ses peurs, ses craintes, ses doutes et sa culpabilité. Chaque jour, la concubine de sa couardise le mène devant la salle A259 où son insaisissable dulcinée doit se nourrir à satiété de la symbolique d’un roman classique quand lui, il honnit ses cours de sa présence. D’accueil, il souhaitait simplement l’apercevoir mais aujourd’hui, il l’accostera en priant qu’elle l’écoute tandis qu’il desserrera les dents et ouvrira la bouche pour mieux se mettre à table. Stérile espoir avorté par le regard effarouché de sa victime, il quitte Sans un mot, sans une explication, l’université en pleine ébullition jusqu’au lendemain.

      Flash back

    La porte reste close quand j’aurais juré voir la poignée remuer. Deviendrais-je aussi fou que cette soirée où j’ai fugué ma bien-aimée ? Ou bien, est-il une âme tourmentée qui, dans le claquement sonore et métallique de sa boîte aux lettres ébruite sa présence comme une rumeur ? Je n’en connais qu’une vivant sous ce toit. Incontrôlable mais authentique, il s’échappe de mes lèvres entrouvertes le prénom de l’ange déchu. Machinalement, j’encolle mon oreille contre le bois, mendiant une boutade, un bruit, un son ou le plus anodin des signes de vie. Rien. Rien sauf les fruits de mon imagination la figurant en sanglot. Mon cœur, comme pris en étau, se comprime. Sa douleur m’est insoutenable et à me fuir, je sais qu’elle souffre. Je l’interpelle à nouveau dans une ultime tentative encore infructueuse.

      N : Je sais que tu es la. Ouvre-moi. Je veux juste discuter avec toi.


    Néant. Je tente un « s’il te plait » sans succès et je m’accroupis, dos à la porte, déterminé à rejoindre ma voiture avec pour compagnon son mépris ou son pardon. Il est vrai que je la soupçonne inquiète et anxieuse mais le souvenir de son corps amaigri dans mes bras prédit mon erreur. Je dois être délicat, doux et par-dessus tout être vigilent au trésor de la langue dont j’userai. Elle aime tant les mots….Je respire profondément, maîtrisant mon souffle trop court et je discours :

      N : Je sais. Je sais que tu n’as ni envie de me voir, ni envie de m’entendre. Je sais aussi que je devrais te laisser tranquille et renoncer à toi que tu puisses te reconstruire. J’ai essayé. Je te le jure, j’ai vraiment tenté de lâcher prise mais j’en suis incapable. Demeurer à l’écart de ta vie, en être spectateur sans y jouer un rôle m’est insoutenable… comment je le sais ? Facile. J’en ai pris conscience avant de te quitter. J’ai pris peur et j’ai regretté. Mais bon, j’ai déjà avoué tout ça. J’ai bien compris qu’il est inutile de te chanter mes sentiments puisque tu ne n’y crois plus, à juste titre d’ailleurs. Je ne suis pas à ta porte pour cette raison. Je suis ici pour être une fois de plus le roi des égoïstes et le prince des salauds en sollicitant ton indulgence, en te réclamant une faveur et je te conjure de me croire si j’allègue que ce sera la dernière. Je n’espère ni ta confiance, ni ton amour. Je souhaite simplement que tu me permettes d’être auprès de toi, à la place que tu voudras mais s’il te plait, ne me fais pas sortir définitivement de ta vie.

    Ma voix plaintive scande ma longue prière au Martyre. Je la désire mienne, pour toujours et ce, qu’il me faille ou non gravir un à un les échelons menant à sa confiance perdue trop hâtivement. Peut-être a-t-elle regagné sa chambre…peut-être, au moins, je n’aurais plus rien à regretter.
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Agnessaa Z. Ivanova
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MessageSujet: Re: naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur »   naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur » Icon_minitimeLun 3 Aoû 2009 - 7:11

    éréthisme de mes nuits, foi sans lendemain. prisonnière au fond du puits me voila réclamant ta main. aucunes de mes contorsions n'a eu raison de moi, j'ai honte de ces émotions, elle ne sont qu'en fait mon seul convoi. Mon dieu naël, qu'as-tu fais ? Sera-ce la manière dont tu m'ôteras la vie ? Parce qu'au fond, elle n'appartient qu'à toi, naël. Elle est tienne et ce depuis toujours. Elle l'a été quand pour la première fois tu as posé tes yeux sur moi. Tes magnifiques yeux verts. Sans même le savoir mon amour, je t'ai toujours appartenu. Voilà pourquoi aujourd'hui je sais que ces fébriles minutes, ces fiévreuses secondes, naël, ces quelques instants sont mes derniers. Je t'assure. Je sens déjà la boule au fond de ma gorge s'étirer, s'étendre jusqu'à former un ruban par dessous ma chair pour envelopper mes sens. Pour emprisonner les misérables cellules de vie qui tant bien que mal subsistent dans ce corps las et asthénique que je ne reconnais pas. Ce ruban, ce meurtrier, il diminue mon rythme cardiaque comme on baisserait le volume d'une radio, tu sais. Sauf qu'il s'y prend lentement, pour que je puisse pleinement jouir de mon ultime souffrance. La dernière de toutes. Enfin, ce moment est arrivé. L'instant où je sentirai la douleur s'évanouir en même temps que mon dernier souffle. L'instant où petit à petit, dans le plus déchirant des hurlement, je sentirai l'hémoglobine s'embraser sous ma peau et crépiter dans mes veines. Je ne sais pas si j'aurais assez de conscience pour parvenir à ouïr les grésillements du sang ébouillanté sur ma chair. Et je la sentirai monter cette douleur, s'élever encore et encore, et il faudra la supporter; parce que je ne pourrai me battre contre elle. Ce sera l'instant où la souffrance atteindra son maximum. Je grimperai enfin à son sommet, peut importe que son pic soit ardent ou pas, dans l'élancement que je connaitrai je ne saurai plus distinguer un mal d'un autre mal. La douleur sera parfaite, le mot prendra tout son sens. Glorieuse, elle en sera à son apogée. Au zénith de sa quête, car elle m'aura eu. A cet instant naël, il me faudra être assez forte pour trouver la forcer de prononcer ton nom une dernière fois. Suivi de ma bible, ma parole, ma devise, le sens de ma vie, ces trois épouvantables mots : je t'aime. Chut. Ne crains rien, là, ça va aller. N'ai pas peur mon ange, c'est de ma faute. Tout est de ma faute, je suis trop faible naël. Ce corps que tu as tant de fois pressé contre le tien, est trop frêle, trop malade. Malheureusement une maladie que l'on ne peut guérir. Une carence qui ouvre des plaies qu'aucun des médicaments ne peut cicatriser mon amour. Une anémie qui entaille la peau avec un tel impact que même l'âme est fendue. Elle m'éventre de l'intérieur où se tord une cascade de liquide cramoisi. Ah ! Si seulement je l'avais vu venir, ce démon. Ce doux démon qui m'a offert les cieux en échange de quelques brindilles de braise. Ce suave être maléfique qu'est l'amour. Qui aurait cru en mourir ?

    La vérité est que cela a été mon souhait le plus cher. Qu'il vienne lui même me retirer le semblant d'existence qui courait encore dans mes artères. Et je savais le dire sans folie; je voulais que naël soit le dernier visage que mes yeux auront eu la fortune de mirer. Car c'en était ainsi, j'allais mourir. Je le savais. Là, maintenant. Dans le vestibule, cramponnée au bois de cette porte, dans la position d'un fœtus. Ramassant les ruines de mon corps en une poignée de désespoir et de pitié, ma tête se creusant une sépulture au fond de mes genoux flageolants. Parce que bien que je l'eus senti venir, cette mort, j'avais peur. Je tremblais de tout mes membres et n'avais plus aucun contrôle la dessus. C'était comme si j'avais déjà trépassé. Depuis plus d'un mois, depuis qu'il était parti. Dès son abandon, j'étais devenu une sorte de fantôme. Une âme déambulant dans les couloirs d'une vie que je me refusais à respirer. A laquelle je bloquais l'accès à mes poumons, car tout ce que je voulais humer c'était le parfum de son cou chaud, de ses longs cheveux, de ses longues doigts autour de mon visage. Rien d'autre. Je ne voulais rien d'autre que lui. Mais il a fallu qu'on me l'ôte. Il a fallu qu'on m'ôte la vie. Et maintenant était le moment choisi. Je le savais. Je savais que ce n'était pas ma démence furieuse qui me poussait à de telles supputations. Je jure que c'était mon âme que je sentais s'échapper hors de ma personne. Se hâter dans les chemins étroits de mes nerfs quémandant avec impatience la fin du châtiment. Par tout les saints, je promets que mon souffle s'était mis à dangereusement ralentir et que je ne parvenais qu'à saisir quelques miettes d'air. Je le jure. Je sentais aussi, toutes les organes qui m'avaient servi pendant ces satanés dix-neuf années ralentir, jusqu'à s'immobiliser. Bientôt il ne subsistera d'elles que quelques morceaux de chair. Sentant que tout abdiquait en moi, tout se désistait et que plus rien n'avait de force de lutter, je laissai mon esprit vagabonder dans une ultime pensée masochiste.

      flashback
      N : Oh, je t'en prie agnes ! Ne joue pas à ça avec moi, allez.
      La brune est outrée par le comportement du jeune homme. Cette ténacité, cet entêtement, il lui est tellement pénible. Pourtant elle est hébété; personne ne l'a jamais appelé agnes. Jamais on ne lui avait donné un surnom et, curieusement elle aime ça. Mais il faut qu'elle se ressaisisse et qu'elle masque le sourire qui commence à naitre au creux de ses joues pleines.
      A : S'il te plait naël, laisse moi passer.
      N : Il n'y aura personne ! Bon d'accord, il y aura tout le monde. Mais comme je me focaliserai entièrement sur toi, il n'y aura que toi et moi.
      Elle ne réussit pas à réprimer le frisson qui parcoure son échine.
      N : Agnes ? Dis oui, s'il te plait. C'est pas comme si je te demandai la lune, si ?
      A : Ne cesseras-tu donc jamais ?
      N : Tout ce que je veux c'est passer cette soirée avec toi, tu t'amuseras tu verras ! C'est toujours mieux que de lire des bouquins, pas vrai ?
      A : Tu n'as pas idée.


    Elle se mit timidement à border ma paupière inférieure, à la titiller lentement, tiède et épaisse. Puis courageusement elle quitta son nid et serpenta le long de mon nez, jusqu'à épouser parfaitement la courbe de ma joue en laissant derrière elle un intime filet incolore. De mon œil je la regardai se mourir au creux de mon menton. Et la cascade se mit enfin à noyer mon visage plongeant mon être dans une étendue de calme et de silence. Il me fallu tout mon courage pour déguiser les ricochets que produisaient mes spasmes en se heurtant en un silencieux martyre. Le flot de larmes inonda ensuite mon pull over cependant que j'observai une par une les gouttes de peine venir moucheter le tissu. Entre temps je sentis le sel se répandre sur mes lèvres, dans ma bouche, et dans une action incertaine je l'avalai dans le hoquet de mes sanglots. J'observai les alentours, ma future tombe et je m'interrogeai. Que fera papa ? Il sera seul à présent. Et je ne pourrai plus jamais lui dire que j'étais désolée de ne pas savoir cuisiner. Je ne pourrai plus lui dire à chaque fois que je finirai un livre "celui là est vraiment bien papa, tu devrais le lire !". Ces petites choses, sans importance, je voulais bien les sacrifier pour naël. Je voulais dans un dernier assaut, apercevoir son visage parfait et gouter au nectar de ses lèvres. Nouer mes doigts à sa chevelure de miel et frôler de mes pouces sa nuque tiède. M'attarder une dernière fois sur les commissures de sa bouche, y déposer des infimes caresses qu'il ne sentira même pas. Il ne les sentira pas parce que je serai morte. Mais je savourerai ce délire comme jamais je n'aurai pu me délecter d'une illusion. Parce que ce sera Naël, et que même après le trépas, je l'aimerai encore.
    N : Je sais que tu es la. Ouvre-moi. Je veux juste discuter avec toi.


      flashback
      Il fait tellement froid, ce soir. Tout le monde était censé faire la fête, mais voilà qu'ils se désistent et je peux voir les jeeps, les volvo et les porshes quitter une à une le parking du terrain de basket. Moi même je ferais mieux de renter. Mais que font ces deux la-bas ? Avec un tel froid, discuter tranquillement sur un banc ? Quand je disais que tout le monde était devenu cinglé à greenville !
      N: Mon dieu agnessaa, tu trembles de la tête au pied !
      A : Ca va aller je crois.
      N : Viens par là. S'il te plait. lâche-t-il dans un soupir.
      Et il l'enlace tendrement, du bout des doigts. Comme si il avait entre les mains quelque choses en porcelaine, empaqueté dans une boîte marqué d'un "FRAGILE". Ce n'est qu'une fille, bon dieu ! Elle hésite d'abord, et je jurerai voir dans ses yeux de l'affolement. Puis elle se blottit timidement dans le creux de son torse.
      N : As-tu peur de moi, agnes ?
      A : ... Oui . se résigne-t-elle à avouer.
      C'est la meilleure ! Ce truc de forêt a rendu les gens complètement dingue, ma parole. Et l'homme soulève son menton vers son visage et s'approche d'elle, la pressant toujours contre lui.
      N : Tu ne devrais pas.
      Et là il l'embrasse comme dans les séries que regarde ma sœur. Si délicatement, si soigneusement que clignote dans ma tête l'étiquette "FRAGILE". J'ai beau dire, ce baiser doit avoir quelque chose de magique, car la pseudo-effrayée se laisse faire et l'éternise davantage. Je pense que je ferai mieux d'y aller, l'amour, très peu pour moi. Mais progressivement il éloigne ses lèvres de celle de la petite brune et la fixe lentement, comme s'il demandait la permission. Cette dernière cligne des yeux et fronce les sourcils, dans un grand moment de doute. Mais il ne l'a pas attendu, il a replongé dans son visage et enlacé ses cheveux, son cou, ses joues. Pour terminer, il a entrelacé ses doigts dans les siens et les a porté à la hauteur de leurs deux visages accrochés, en mettant leur doigts face à face. J'aurais du trouver ça débile, mais ça m'a paru beau. Tellement beau. Et avant que je devienne gay, il faut que je me casse d'ici, et vite.


    N : Je sais. Je sais que tu n’as ni envie de me voir, ni envie de m’entendre. Je sais aussi que je devrais te laisser tranquille et renoncer à toi que tu puisses te reconstruire. J’ai essayé. Je te le jure, j’ai vraiment tenté de lâcher prise mais j’en suis incapable. Demeurer à l’écart de ta vie, en être spectateur sans y jouer un rôle m’est insoutenable… comment je le sais ? Facile. J’en ai pris conscience avant de te quitter. J’ai pris peur et j’ai regretté. Mais bon, j’ai déjà avoué tout ça. J’ai bien compris qu’il est inutile de te chanter mes sentiments puisque tu ne n’y crois plus, à juste titre d’ailleurs. Je ne suis pas à ta porte pour cette raison. Je suis ici pour être une fois de plus le roi des égoïstes et le prince des salauds en sollicitant ton indulgence, en te réclamant une faveur et je te conjure de me croire si j’allègue que ce sera la dernière. Je n’espère ni ta confiance, ni ton amour. Je souhaite simplement que tu me permettes d’être auprès de toi, à la place que tu voudras mais s’il te plait, ne me fais pas sortir définitivement de ta vie.

    Et cette sublime voix résonna dans le vestibule, puis dans ma tête, puis dans mon corps tout entier. C'est pour ça que grâce à je ne sais quelle force, je me suis levée et j'ai cherché de mon instinct où se trouvait l'homme que j'aimais. J'ai posé ma main, doigt écartés contre la porte et, à tâtons j'ai sollicité sa chaleur. Mes larmes ont eu raison de moi, mes mains étaient tellement humides qu'elles glissaient contre le bois. Hystérique sénile, j'ai posé mon front contre le bois et mes larmes s'y sont mêlé. Je ne savais plus ce que je faisais, et ni ma raison, ni ma folie ne contrôlaient plus ce corps. Pourtant ma bouche s'est ouverte et mes lèvres ont remué avec un chagrin immense et une difficulté atroce.

    A : Tu es parti, naël. Et tu as tout pris avec toi, mon amour, mon esprit, mon corps, ma vie. Tu les a emporté dans ton baluchon de voyage le jour où tu as décidé de m'abandonner.

    J'ai essayé de survivre à ces dix minutes de silence, et dans un élan de cran, de bravoure et d'audace, simplement la folie de ne plus rien avoir à perdre, j'ai achevé.

    A :Laisse moi porter mon deuil Naël. Le deuil d'un être que j'ai perdu il y quatre longues semaines. Car même si son corps a réapparu, il a laissé derrière lui son amour, ses promesses et tout ses dires. Tout ses gestes, ses caresses sur ma peau, ses rires et sa douceur. Son odeur, la chaleur de son corps contre le mien, l'arôme de ses lèvres. Celui ci est mort et je ne peux m'empecher de le pleurer.
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naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur » Empty
MessageSujet: Re: naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur »   naël-agnessaa « il avait fallu qu'il vienne verser de ses propres mains de l'opium sur mon cœur » Icon_minitimeSam 8 Aoû 2009 - 15:07

    Quelques voisins interloqués s’immobilisent sur le trottoir usé d’en face. Aurais-je l’allure d’un fou pour qu’ils considèrent mon état de sante avec tant d’affabilité ? Embarrassé, j’adresse aux spectateurs un signe hésitant de la main et, pour les plus insistants, je soulève le pouce, grimaçant un sourire peu convaincant. Au bout de quelques minutes, ils désertent, me laissant seul, en conversation avec cette porte sans vie, sans âme et sans compassion pour dissimuler à mon désarroi mon brin d’espoir. Suis-je si pathétique pour qu’ils vaquent à leurs précédentes occupations sans autre circonspection qu’un regard évasif ? Allez savoir. Je ne suis ni phénomène de foire ni mort de peur par les ombres de la sylve. Alors, quel sain jeune homme discuterait en tête à tête avec le rempart de chêne d’une maison presque sans vie, dont la présence de l’hôte est trahie pas les reflets du tube cathodique du téléviseur sur la grande baie vitrée ? Lequel ? A part un homme amoureux, consumé d’amour mais rongé par la culpabilité. Si je détourne légèrement la tête, les images bigarrées réfléchies par le verre m’éblouissent. Donc je les fuis. C’est étrange n’est-ce pas ? Je suis en quête permanente d’émotions et de beautés à dessiner et je décampe quand elles m’aveuglent un peu trop. Le panache éclatant de pastel et camaïeu chatoyant à la fenêtre feraient certainement un magnifique polaroïd mais je reste coi, inutile et inanimé. Que peut bien musser une photo quand virevoltait à portée de main, la sensibilité incarnée ? Quelle émotion peut m’éveiller un morceau de papier glacé quand à ma mémoire s’est photographiée cette frimousse éblouissante qui m’allouait sans pudeur, ses plus jolies grimaces, ses plus touchantes manières ou ses plus enfantins cabotinages ? Si j’avais la confiance pour moteur, la confiance en elle, la confiance en moi, j’aurais contemplé à souhait la perfection de ses traits. J’aurais pu, si je n’étais aveuglé par la peur.

    _____

      N: Petit à petit, je finirai bien par me faire une raison. Je ne comprendrai jamais les compulsives folies dépensières d’Agnessaa en matière de bouquin. J'ai beau y réfléchir, je n'assimile pas le mode de fonctionnement des femmes. Quel est l'intérêt d’acquérir – moyennant un prix exhorbitant - un nouveau livre quand on en possède déjà trop pour une bibliothèque ? La sienne déborde, si bien que durant un instant, j’ai presque cru qu’elle plaisantait. Qu’elle ne voulait pas m’emmener dans cette librairie du centre où un auteur installerait la semaine prochaine un tréteau de dédicace. Son armoire confine presque autant de livres nouveaux ou anciens, aux couvertures plus nuancées les unes des autres que le ma sœur n’enferme dans son coffre en osier de paires de chaussures. Bien sûr, qu’elle arpente la ville pour dévaliser les magasins de vêtements, j'adhère… c’est une fille... Mais, pour une nouvelle successions de lettres, à la police d’écriture illisible et fatigante pour les yeux ? Je suis stoïque. Je ne m'en cache pas. Naïvement, j’ai cru qu'elle plaisantait. Faux. Elle était sérieuse. Je suis lamentable.
      M :Et alors ? Qu'est ce que tu as fait ?
      N: A ton avis ? Je lui ai demandé si une copine ne pouvait pas l'accompagner..D’habitude, c’est elle qui s’y colle. Je déteste traîner au milieu des rayons tous mieux achalandés les uns que les autres. Et je déteste la voir chiner, fouiller, chercher, compter, découvrir, hésiter, lire, se raviser, recommencer, faire demi-tour, et changer de rayons encore et encore jusqu’à ce qu’enfin sonne mon salut devant la vieille caissière affable qui salue l’habituée. « Qu’as-tu choisi aujourd’hui et qu’as-tu pensé d’Armance ? ». Non. Je ne suis fait ni pour le shopping avec Clarissa dans les boutiques scintillantes, ni pour le shopping avec Agnessaa dans des boutiques poussiéreuses.
      M : Et donc ? Vous vous êtes disputés parce que tu as refusé.
      N: Non. Pas exactement. Elle a cligné deux fois les yeux, soulevé un sourcil, m'a offert un baiser et finalement, j'ai accepté.
      M: C'est çà.
      N : Je le confesse. Malgré tout, à ses rayons, je lorgne discrètement entre deux jérémiades et ses yeux pétillants m'éblouissent. Son sourire radieux lorsqu’elle jaillit d’un magasin les bras chargés de paquets m'attendrit. Seul ce tableau m'a valu de céder . Seul ce spectacle vaille la peine que je lui concède mon après-midi. Cependant, mon rayon de soleil ne doit rien connaître de mon allégresse à la deviner si satisfaite. Je préfère me plaindre. Cela m’évite de réitérer l’expérience trop souvent. Les bonheurs les plus exquis ne sont-ils pas les plus inattendus ? C’est la coutume: Je refuse....jamais bien longtemps
      M: Tu es amoureux.
      N : Non. Juste bonne âme.
      M : Elle fait ce qu'elle veut de toi.
      N : N'importe quoi.
      .


    _____

    Cette nuit la, notre heure était venue. Notre épée de Damoclès s'est abattue sur nos têtes poussée par mes anodines confidences et les pesantes constatations de mon interlocuteur. L’amour n’est pas pour moi. Il me fait peur et aux diables Pygmallion, je ne suis pas façonnable. Aimer, c’est sacrifier un peu de soi pour l’autre mais je suis trop jeune, trop insouciant et surtout trop égoïste. Par esprit de contrariétés, j’ai fumé toute la nuit, j’ai bu, j’ai dragué et j’ai dormi dans le lit d’une autre. Au réveil, j’étais en colère. En colère contre Agnessaa de me vouloir différent, contre l’alcool qui va me donner mal à la tête durant les 24 heures à venir et surtout contre moi, ma faiblesse et mes péchés. J’ai cédé au bras fins de cette beauté exotique certes, non sans désir, mais surtout par vœu d’indépendance. Je lui briserai le cœur à elle aussi. Alors, j’ai soupiré, anxieux d’avoir au téléphone ma petite-amie, d’affronter sa bonne humeur, les accents allègre de son grain de voix et de vider sa joie de toute substance. J’avais décidé, quoiqu’elle puisse en penser, que j’irai à cette randonnée. J’ai sonné cette après-midi-la le glas de nos jours heureux par manque de cran et d’héroïsme. Plutôt leurrer que confesser à ma respiration heurtée par les diligentes palpitations de mon cœur qu’elle est amour. Lapin dans un chapeau, j’ai disparu comme je suis venu : Sans logique et sans explications.

    _____

      N : Monsieur, Monsieur, s’il vous plait
      Se trémoussant comme un enfant, un jeune garçon aux allures de jeune premier tend à un passant un appareil photo d’une simplicité étonnante pour un passionné.
      N :Je peux vous demander de me photographier avec ma petite amie s’il vous plait ? Juste la ? Devant la fontaine ? Merci beaucoup ».
      Les tourtereaux, assis côte à côte sur la pierre blanche du monument, se tenaient par la main quand Naël entoure la jolie russe de son bras. Hypnotisé par le sourire concentré de sa dulcinée fixant l’objectif avec intêret, il souffle sur son visage, captant ses prunelles pour embrasser le bout de son nez. Elle est si paradoxalement semblables et si étrangement différentes des autres femmes.
      N : Reste avec moi.
      A : Pardon ?
      P : C’est bon ? Je peux prendre la photo ?
      N: Oui. Oui. C’est bon.

      D’ailleurs, elle aurait été parfaite si, dans un élan de curiosité, la demoiselle n’avait pas sous-estimé la force de sa bousculade. D’un réflexe trop vif, ils tombèrent à l’eau. Ils sont trempés mais heureux. ils rient de bon cœur et s’éclabousse comme des enfants à la piscine.
      P : L’appareil, je le dépose où ?


    _____

    Aujourd’hui, je suis témoin du spectacle de sa souffrance. Au travers du bois de la porte, je peux à présent l’entendre sangloter. Aurais-je dû me taire ? Mon pauvre amour. Que t’ai-je fait ? Je rêve de te serrer dans mes bras et d’humer ton parfum trop longtemps absent. Je porterais tes angoisses, troquant les promesses instables pour une présence incessante. J'affronterai cette épreuve à bras le corps avec toi et n’aie crainte, je suis bien assez fort et épris pour deux. Si tu tombes, je te ramasserai et si tu dérapes, je te situerai. Nous sortirons grandis de notre choix cornélien. Peut-être souffrirais-je à te reconstruire pour un autre si tu ne sais plus m’aimer. Mais, Paulo Coelho ne dit-il pas :" La crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même." ? Quoi qu'il advienne, j'irai de l'avant. Vaut mieux à mon cœur être source de ton bonheur que de ton malheur.

    Enfin, elle prend la parole mais le flot de ses mots est éconduit par le souffle erratique, heurté et saccadé par l’onde de ses pleurs. Mon cœur se serre et perdrait même courage. Que pourrais-je répondre à part : « Tu as raison ? ». Rien. J’ai volé son cœur et sa beauté, m’en suis nourri comme un vampire, pour délaisser ses trésors au bord de l’autoroute. J’ai donc préféré aux douteux éclaircissements, le silence pèlerin des souvenirs.


    _____

      A : Qu’essayais-tu de me dire ? A la fontaine ?
      N : Rien. Rien de spécial. Je te sentais glisser, je ne voulais pas que tu tombes.
      A : Menteur.
      N : Je sais.
      A : Pourquoi ne parles-tu jamais avec ton cœur ?
      N : L’exercice est trop difficile.
      A : Pourquoi l’orgueil ?
      N : Il m’a sauvé.

    _____

    N : Agnes. Voyons. Pourquoi veux-tu me pleurer quand je supplie pour que tu m’ouvres non pas ton cœur mais juste ta porte. C’est vrai. Je t’ai abandonné. Je suis parti lâchement, j’ai envoyé ma sœur faire le sale boulot parce que je n’aurais jamais été capable de partir si j’étais venu moi-même. J’étais prisonnier de tes yeux et cette liberté ne me va pas. Je ne suis pas grand-chose sans toi....

    J’ai quitté le tableau lassant de la rue, sur les genoux, à présent face à la porte, le visage collé contre cette dernière, les yeux rivés sur le chambranle, espérant qu’il libère un peu de lumière.

    N : A quoi bon pleurer ce que tu peux guérir ? Pleure ton amour et ta déception. Pleure les puisqu’en effet, ils doivent avoir accompagnés la confiance dans leur exode mais….Mes gestes, mes caresses, mes éclats de rire, ma douceur ou mon odeur, ils sont la, à ta porte et s’il te semble éteint, c’est qu’il ne leur manque que tes mains, tes lèvres et tes sourires pour les réveiller. Tu me manques Agness et tu me manquais déjà à la fontaine. Tu étais à mes côtés et j’avais déjà le mal de ton départ. C’était trop pour moi. Beaucoup trop.

    J’aimerais, comme Cecilia lui chuchoter un « reviens-moi ». Je n’en ferai pourtant rien. Je resterai, l’oreille collée au bois, aussi longtemps que nécessaire pour qu’elle m’ouvre enfin la porte.
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