« Partage d'une passion, pas d'une amitié » || Jude

Invité

« Partage d'une passion, pas d'une amitié ; »

Jude O'Collins & Angeliká A. Mihály

Alyss était allongée par terre, dans cette grande chambre qui avait été la sienne quelques années auparavant, cette pièce qu’elle aurait souhaité ne jamais avoir à revoir de toute sa vie, juste par convictions sentimentales. Oh, elle se souvenait de ce moment comme si cela c’était produit la veille, tout était fraîchement gravé dans sa mémoire dans les moindres détails, alors qu’elle faisait tout son possible pour oublier. Elle ne savait même plus vraiment pourquoi elle pleurait à présent, ses larmes dévalaient toutes seules le long de ses joues pâles, elle n’avait plus la force morale nécessaire pour les retenir. C’est à peine si elle eut la force de pousser sur ses bras pour se relever un peu lorsqu’elle entendit quelqu’un entrer dans la chambre. Mike, c’était bel et bien lui, qui s’avançait l’air nonchalant, en direction de la fenêtre grande ouverte. Alyss ne savait que trop bien ce qu’il allait faire, elle n’arriva pourtant pas à se lever complètement. Alors que son cerveau, son esprit, affolés, lui ordonnaient de bouger, de courir vers lui pour l’empêcher de faire cette énorme bêtise, son corps tout entier semblait sans vie, comme s’il résonnait indépendamment. Elle ferma les yeux, se concentra. Pourquoi son corps était-il si lourd tout à coup ? Des larmes roulèrent de nouveau sur son doux visage, encore une fois, elle était faible, impuissante, et complètement inutile. Une main vint se glisser dans la sienne et l’aida à se relever. Retrouvant ses forces par le biais de ce contact chaud et débordant d’amour, elle se leva et se jeta littéralement dans ses bras, avant de se laisser aller. Elle sentit le cœur de Mike battre à travers sa poitrine, et cette sensation lui fit le plus grand bien, pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait apaisée, elle l’avait vu, touché, serré du plus fort qu’elle avait pu. Seulement, et comme on le dit si bien, toute bonne chose à une fin. Il déposa doucement un baiser sur son front avant d’aller finir ce qu’il avait entreprit, pour la seconde fois, il se jeta par la fenêtre ouverte, sous les vides mais horrifiés de la brune qui sentit son cœur s’exploser, se rompre et partir en poussière. Incapable de verser une larme de plus, elle s’avança et se pencha à son tour. Le spectacle qui s’offrit à ses yeux la révulsa, elle sentit son estomac se nouer et eu un haut-le-cœur. Du sang. Partout. Recouvrant les dalles grisâtres de l’allée principales, éclaboussant de tâches rougeoyantes la pelouse fraîchement tondue avec précision. La quantité de sang était incroyable. Elle envahissait petit à petit la route, les voitures, les arbres, tout semblait recouvert de ce liquide infâme. Une énième larme coula, elle l’essuya de la main puis remarqua une traînée rouge sur celle-ci. Du sang recouvrait son visage, ses mains, et même ses vêtements. Terrorisée, elle se recula brusquement et bascula à son tour.

Elle se réveilla en sursaut, trempée de sueur. Un cri surpuissant resta bloqué dans sa gorge, lui coupant le souffle par la même occasion. Elle dut attendre de se calmer pour réussir à retrouver une respiration normal. Elle s’épongeât rapidement le front et ouvrit sa tente. Il faisait à peine jour. Pas étonnant, il devait à environ sept heures du matin. Un vent cruellement froid vint lui mordre le visage, lui procurant le plus grand bien, car elle mourait de chaud à l’intérieur de sa tente. Elle attrapa des vêtements propres et sortit. Le campement était vraiment mort, tout le monde dormait, à poing fermé, pas un bruit, à part celui un peu superflu de ronflement, elle n’allait donc pas croisé n’importe qui. Elle marcha un peu, évitant soigneusement de shooter dans des seaux et des rondins de bois posés en travers de son chemin, elle voulait à tout prix éviter de réveiller n’importe qui. Elle arriva, quelques minutes plus tard, devant la source. Après avoir jeté un regard à droite à gauche, elle se déshabilla et plongeât dans l’eau glacée. Elle retint un cri en se plaquant la main sur la bouche, elle avait été très surprise par la froideur. Elle se lava entièrement, les cheveux aussi, avant de sortir, de se sécher et de se rhabiller. Elle retourna à sa tente, et remarqua qu’entre temps, quelques personnes avaient commencé à émerger et à s’affaire ça et là dans le campement. Elle attrapa son réflexe numérique et une nouvelle carte mémoire avant de l’allumer. La batterie ne tiendrait pas un jour de plus, c’était certain, heureusement qu’elle avait emmené plusieurs batteries, toutes chargées à fond, cela lui permettrait de pouvoir exercer sa passion un peu plus longtemps. Au moins jusqu’à ce qu’ils rentrent. Si ils rentraient… Elle se faufila discrètement entre les tentes avant de se planter devant celle de Jude, son partenaire dans le travail qu’ils avaient tous les deux à rendre en Photographie. Elle frappa plusieurs fois dans la toile avec le pied pour le réveiller. Puis, sans aucun respect pour son intimité, elle ouvrit sa tente avant d’y rentrer agenouillée. Il la regarda, un peu ensommeillé. Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer, elle déclencha son flash et prit une photo, juste pour l’éblouir. Elle pencha la tête sur le côté et afficha un sourire désolée atrocement faux.

C’était comme ça. Elle ne pouvait pas agir autrement avec lui. Certain aurait pu prendre ça comme une forme d’amitié cachée, et qui sait, peut être que c’était vrai, mais aucun des deux photographes amateurs n’étaient près à l’admettre… A supposer qu’il aurait fallut l’admettre déjà… Elle lui balança des vêtements pris au hasard en pleine tête avant de sortir et de refermer la tente. Sa façon à elle de lui dire « Bonjour, dépêche toi de t’habiller je n’ai pas que ça à faire tu vois ? », chacun sa façon d’agir avec les autres non ? Etrangement, même si embêter Jude la mettait souvent de bonne humeur, là, autre chose la tracassait. Cet horrible rêve. Elle se sentait comme mal à l’aise, complètement vide et abattue par une force inconnue qui la forçait à garder les épaules courbées sous le poids du remord, comme d’habitude. Le fait qu’elle est vu son sang sur ses propres mains signifiaient bien qu’elle était responsable de sa mort non ? C’était exactement ce que pensait la jolie à ce moment, en attendant que Mr O’Collins ne vienne la tirer de ses introspections improvisées.

(c) Misery Angel & Me

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