cees j.r « bury me. » - uc.

Aimée reprit sa place initiale, quelque peu déboussolé par ce qui venait de lui arriver. Elle n'était pas spécialement intelligente comme fille...Non, en vérité, elle était même conne et savait que c'est surtout grâce à son physique avantageux qu'elle réussissait à être si populaire auprès des lycéens de son âge. C'était une blonde élancée qui ne se lésinait pas sur le maquillage. Elle aimait qu'on la regarde, et c'est la sa seule intelligence, elle y arrivait ! Elle avait disons de l'ambition. Quelque peu attractive, elle arrivait à être la Paris Hilton de son petit village de merdeux, se situant à 100 kilomètre de Montpellier, en France. L'avantage de vivre dans le sud, c'est le soleil... Elle pouvait parader avec son décolleté presque tout les jours, ce qui attirait pas mal de regard sur elle. Dont les professeurs.
Mr. Reimster était d'origine hollandaise. Après des études poussées en sciences, il décida de devenir professeurs de lycée, et enseignait les mathématiques. Pourquoi ce patelin? Parce qu'il n'aimait pas les foules, parce que c'était un petit village tranquille où il ne se passait rien, et qu'il comptait finir ses jours paisiblement, n'ayant aucun but particulier dans la vie, sauf peut-être celui de sauter toutes les minettes du coin. Tant qu'on est pas marié, on peut en profiter, non? IL avait déjà la quarantaine passée, mais cela ne l'empêchait pas d'user de son charme de vieux. C'est ainsi qu'en milieu d'année, il décida de jeter son dévolue sur une lycéenne, du nom de Aimée. Il la savait plutôt dévergondée, alors pourquoi pas... C'est ainsi qu'à 14h, lorsque les élèves de la terminale S2 se présentèrent en classe, et qu'il lui demanda de venir au tableau corriger un exercice, il lui glissa un petit mot dans sa main, un sourire pervers sur le visage. Un rendez-vous galant, que par curiosité, la demoiselle ne pourrait décliner. Pourtant, sachant ce qui l'attendait, elle aurait dû le refuser, ne pas s'y rendre. Et pourtant, elle n'en fit qu'à sa tête...

***

« Je crois que c'est comme ça, allez pousse Aimée, tu peux le faire chérie ! »
Aimée, en sueur, se demandait se qui ce passait, où elle se trouvait, pourquoi était-elle étendue, qu'elle était cette chose qu'elle sentait... Sans parler des vomis et de son poids qui avait doublé. Au départ, elle ne voulut pas y croire..Mais maintenant qu'elle était en train de pousser comme une folle, elle se devait de se faire une raison. Elle attendait un enfant. Et Marie avait eu la bonté de la suivre. C'était sa meilleure amie depuis le collège après tout... Elle se devait d'être là. Mais surtout, ce fut la seule présente à la moindre douleur. Ses autres « amis » eurent tôt fait de l'abandonner lorsqu'ils comprirent... Mais cela n'avait pas d'importance.
Les deux jeunes femmes se trouvaient dans une vieille ferme abandonnée. Marie s'était occupée d'apporter de l'eau et du linge propre, elle organisait comme elle pouvait l'accouchement, comme elle avait vu faire à la télévision. Elle n'avait que 18 ans, et elle supervisait déjà un accouchement..Cela lui donnait surtout un aperçu des études de médecine qu'elle comptait faire. Une belle expérience. Et puis enfin, elle vit le bout apparaître.. L'enfant avait le cou entortillé dans le cordon ombilical, et était violé. Serait-il mort? Son cœur commença à battre la chamade, après tout, il n'était qu'un bébé, comment pouvait-il déjà mourir? C'était affreux ! N'entendant rien, Aimée leva la tête.
« Il est mort? » Sa voix, étonnement, sonnait joyeuse, ses yeux brillaient d'excitation ! Tout ses rêves défilèrent devant ses yeux..L'envie de devenir mannequin, bien qu'à ce stade, le chemin allait être long et douloureux.
Marie tremblait, elle prit soin de défaire le cordon, de retourner le bébé et de taper sur ses fesses. Rien. Elle eut un rire nerveux, inquiète. Elle posa le bébé délicatement dans le saut d'eau chaude, le rinçant. Et doucement, celui-ci ouvrit les yeux, comme par enchantement. Et puis, comme si tout était au ralenti, les traits de Marie se détendirent, laissant apparaître un sourire tandis que le bébé ouvrait la bouche, laissant un cri perçant s'envoler au loin, pour atteindre le cœur de sa mère et le briser en milles morceaux. Et ses rêves par la même occasion, histoire de faire d'une pierre deux coups.
Elles le nommèrent Antoine.

***

« Tu dois le prendre avec toi. Il ne peut être élevé dans de pareils conditions. Je suis trop jeune pour m'en occuper... Et tu es son père. Un ami a confectionné de faux papiers, ne t'inquiète pas, je me suis occupée de tout de ce côté-là. » Marie avait une bizarre impression de répétition. Voilà quelques jours déjà qu'elle attendait Mr Reimster (pour qui elle n'avait plus aucun respect, soit dit en passant) à la fin de sa journée pour lui parler de son fils. Elle avait appris, par quelques rumeurs passantes, qu'il comptait partir pour des recherches en sciences aux États-Unies. En tant qu'étudiante en 4éme année de médecine, elle ne pouvait se permettre de s'occuper d'un enfant. Surtout que sa meilleure amie était partie, laissant son propre enfant en plein champ des années plus tôt. Bien heureusement, Marie était beaucoup plus réfléchie, elle avait pris soin d'Antoine, en cachette, bien évidemment, souffrant doucement mais supportant en se mordillant les lèvres. Et puis il était devenu l'être le plus proche d'elle, et telle sa vraie mère, elle le couvait. Il était tellement mignon, adorable et discret. Mais elle savait qu'elle ne pourrait vivre avec cet enfant sur les bras. Alors n'ayant pas retrouvée sa mère, elle décida de voir directement le père, et c'est ainsi qu'en ce soir de mai, elle tenait le petit Antoine par la main, et de l'autre portant un petit sac contenant quelques vêtements, hâtivement jetés. Elle comptait bien le laisser à son père. Mais ce dernier, un regard méprisant envers la jeune femme, serra les dents. Il n'avait pas vraiment le choix. En regardant le petit garçon, il n'avait qu'une envie : fuir, fuir très loin. Mais il finit par céder, il soupira, tendit la main et pris le petit sac, avant de se retourner pour monter dans sa voiture. Marie s'occupera de placer le petit garçon dans le véhicule. Cette dernière se mit à genoux, laissant une larme couler, elle défit de son cou un collier qu'on lui avait offert lorsqu'elle était jeune et le mit autour du cou du petit garçon, un sourire faible, crispé sur son beau visage, elle susurra : « Apprends à vivre. Et ne compte jamais sur personne. »
Antoine ne comprit que plus tard, le sens de ces faibles paroles.
Il y avait du monde. Beaucoup de monde. Antoine somnolait doucement, assis sur la chaise, à côté de son père. Ce dernier se mordillait la lèvre inférieur. Ils venaient d'arriver aux États-Unies, et comme l'avait prédis Marie, aucune encombre du côté des papiers, elle s'était réellement débrouillée comme un chef. Mais la n'était pas le gros du problème. Il ne savait pas quoi faire de ce garçon. Il n'allait certainement pas rester avec lui. Il ne pouvait pas !
« Bon écoute, tu vas m'attendre sagement ici, papa va revenir dans quelques instants, il va te chercher quelque chose à manger d'accord? »
Antoine regarda la silhouette de son pseudo papa partir. Pour ne plus revenir. Du haut de ses cinq ans, il avait compris, était resté cependant placide, serrant simplement Mr Lapin contre lui. Il resta dans cette position un certain temps, jusqu'à ce qui ne femme vienne lui parler, l'ayant remarqué depuis un certain temps déjà.
« Qu'y a-t-il mon petit? Où sont tes parents? » Demanda-t-elle, un sourire confiant aux lèvres.
« Je ne sais pas. » Répondit-il, sans aucune émotion.
« Comment tu t'appelles? »
« Je ne sais pas. »
C'est ainsi qu'Antoine mourra, pour laisser place à...