« la haine est devenue leur science, leur eden. »

« cette chose que l'on nomme l'innocence n'est qu'un mensonge créé pour rassurer nos rêves d'enfants »

Je marchai dans ces couloirs immaculés depuis que j'avais onze ans. Cet endroit communément appelé hôpital psychiatrique était un lieu familier à présent, et je me complaisais à y trouver une sorte de réconfort juvénile. Je voyais ici un psychiatre, quatre fois par semaine. Malgré les nombreuses années où j'avais été en face de lui, pendant des heures, il ne connaissait toujours pas mon prénom, simplement puisque je refusais de le lui dire. Il m'appelait alors la plupart du temps Mlle Rosenheart. Ou il ne m'appelait pas, j'avais tellement l'habitude qu'il garde un silence d'or lorsque je lui parlais. Je le considérais alors comme mon seul ami, la seule personne que j'osais regarder en face, à qui j'osais me confier. Les autres, ces infimes petits êtres humains qu'étaient mes camarades de classe ne me comprenaient pas. Ce n'est pas qu'ils n'essayaient pas, je restais juste sans réponse aux multiples questionnements dont j'étais sujette. Et ç'avait été comme ça dès lors où j'étais entrée en primaire, il y a 13 ans. Je ne me qualifierai pas d'associable, ni solitaire, je suis juste une personne qui n'en a rien à faire. Ils ne m'intéressent pas. Personne ne m'intéresse. Je traîne juste de temps en temps avec eux pour me divertir, sans vraiment goûter à ce plaisir qu'est l'amitié. Je n'y arrive pas, voilà tout, je n'ai peut-être pas été conçue pour vivre de telles expériences. Je ne sais pas encore pourquoi je vis. Je cherche et erre dans ce monde telle une âme perdue. Je vais trouver quelque chose, un jour, une chose qui donnera du sens à ma vie. Mais, pour le moment, je reste enfermée dans cette foutue enveloppe charnelle qu'est la mienne, assise de manière nonchalante sur le siège opposé de mon si adorable docteur. Lui pose les questions, je réponds. C'est une relation saine, je n'aime pas le compliqué.

« Alors, quelles nouvelles aujourd'hui ? »
« Rien. »
« Votre père ? »
« Et bien, il a encore frappé hier; moins fort que d'habitude, cependant. Il devait certainement être de bonne humeur. »

Mon père était un sujet de conversation fréquent entre le psychiatre et moi-même. En effet, depuis le départ brusque de maman il y a deux ans, il était constamment de mauvaise humeur et me le faisait ressentir. La première fois a été la plus douloureuse. C'était un soir comme les autres, je fumais à la fenêtre en attendant son arrivée. J'avais tout préparé pour ce soir; je savais qu'il était triste et, pour une fois, je faisais un effort. Je n'étais pas peu fière de moi, et tout en écrasant mon mégot sur le rebord en béton, j'observai sa voiture venir se garer, tranquillement, devant la porte de notre garage. Il rentra, me déposa un bisou sur le front et attendit. Je le fis assoir, et nous dinâmes silencieusement. Soudain, je le vis se lever brusquement, pour me faire face. Il était devenu rouge écarlate, mais gardait un ton doux. Tout en me caressant la joue droite avec sa main, il me sussura;

« Eden, tu ressembles tellement à ta mère... »

Puis, c'est là que tout changea, sa main désormais dans mon cou se leva, et il m'asséna une claque si puissante que je sentis ma mâchoire craquer sous le coup. Je me demandai pourquoi il m'en voulait, et je levai la tête vers lui, les yeux brillants, pour voir ainsi son poing, cette fois, s'abbatre exactement au même endroit où sa main se trouvait auparavant. Je tombai de ma chaise, dans une position impuissante, le coup m'avait fait mal, mais je ne pleurai pas; je n'avais jamais pleuré. Soudain, son pied s'enfonça dans ma cage thoracique, me forçant à me recroqueviller dans une position de foetus innocent. Il frappa encore et encore, je protégeai ma tête avec mes bras, mais tout mon corps y passait. Dans un accès de colère, je crois qu'il me brisa une côte, tout en vociférant, hors de lui.

« Pourquoi tu nous a quitté, Elena, pourquoi ?! »

Ainsi, il me prenait pour maman. Il vidait sa rage, sa haine, son désespoir, tous ces sentiments contradictoires sur ma personne, en me torturant, toujours de plus en plus fort. Il n'arrêta qu'une fois fatigué, rassasié. Au bord de l'évanouissement, il me regarda, retrouvant son air bienveillant;

« Je suis fatigué, maintenant. Je te rejoins dans notre lit, Elena. »

J'avais envie de lui hurler que je n'étais pas maman, que j'étais Eden, sa fille. J'avais peur, pour la première fois de ma vie, et mes sanglots sans larmes explosaient dans un excès de détresse et de rage. Doucement, je me hissai à la chaise, tentant de me remettre debout. J'y arrivai avec peine, me précipitant dans ma chambre, et m'enfermant à double tours. Je redoutais qu'il revienne, qu'il éprouve du désir pour moi comme pour ma mère. J'ai attendu, les yeux ouverts, toute la nuit qu'il vienne. Il n'est jamais venu. Et le lendemain, tout a recommencé. Depuis, c'était devenu comme une sorte de rituel. J'avais appris à m'y faire, comme à beaucoup de choses. Je savais qu'après chaque repas il frapperai, et je ne comptais plus les bleus, hématomes ou côtes cassés que j'avais eu. Tout était devenu tellement, normal; et quelque part j'étais heureuse qu'il se défoule sur moi, si ça pouvait lui faire oublier le départ de maman.

« Hmm. Et pourquoi croyez-vous qu'il fasse cela, Mlle Rosenheart ? »

Je réfléchis un moment à la question. Au-delà du fait qu'il me prenait pour maman, je ne savais pas ce qui le motivait dans sa bagarre contre moi-même. A part ces moments d'égarement, comme je les appelais, c'était un père formidable, et rien au monde ne me ferait changer d'avis. Dans un soupir, je conclus par une réponse que j'avais cherché au plus profond de mon être.

« Je suppose que c'est sa façon de m'aimer. »

Comment tu m'as reconnue ? Moi qui pensait passer inaperçue
Non, non, je m'inscris encore pour ne jamais finir ma fiche

hannnnnn tu vas voir Prodigy en concert, je te hais. tu m'emmènes ?

moi aussi je t'aime. et mischa est à moi, naméo, n'osez plus jamais la refiler à quelqu'un d'autre à part ça, fait gaffe, parce que j'aime la douleur, donc promets pas trop de me massacrer si je pars (a) anyway, j'ai plein d'inspiration, je fais ma fiche ce soir c'est décidé, et toi cette après-midi tu nous trouves un lien

pfiouuuu. que ça fait du bien de retrouver misch
et pourquoi je serais cinglée au fait ?